"Nous devons avancer rapidement, notre ennemi est la pauvreté", rétorque le ministre d’Etat éthiopien à l’Industrie, Tadesse Haile, "quiconque nous demande de ralentir accepte la pauvreté".
Avec un PIB par habitant estimé à 325 dollars par l’ONU, l’Ethiopie figure toujours parmi les plus pays africains les plus pauvres, en dépit d’une croissance parmi les plus dymaniques du continent (+11% au cours de chacune des six dernières années selon la Banque mondiale).
Les investissements étrangers "génèrent de la croissance, de l’emploi (...) cela nous permet aussi de fabriquer des produits pouvant être exportés, ce qui amène des devises et des transferts de technologie", soutient M. Tedesse.
Mais de nombreux problèmes subsistent : réseaux de télécommunications déplorables, bureaucratie pesante et absence de port dans ce pays enclavé, sans accès à la mer.
Paul Lu, directeur des ressources humaines de Huajian, recense, lui, les différences culturelles, la barrière de la langue et le manque de conscience professionnelle d’une bonne partie du personnel local. Mais ces obstacles sont compensés par l’abondance de matière première et de main d’oeuvre, peu chère alors que les salaires augmentent en Chine.
"Nous sommes venus fabriquer des chaussures et (...) l’Ethiopie produit beaucoup de cuir", poursuit-il devant l’entrée de l’usine où une vingtaine de personnes attendent pour un entretien d’embauche.
Dans l’usine, Teju Edek, 22 ans, contrôleur qualité, payé 30 dollars par mois, se plaint que "le salaire est trop bas". Il dit travailler ici surtout pour "développer ses connaissances technologiques" et ajoute que, s’il pourrait gagner plus dans des usines éthiopiennes, il n’y apprendrait pas autant.
Pour Tafere Getie, gestionnaire d’une des usines de la zone, le vrai bénéfice de ces investissements se verra à long terme : "J’espère que les Ethiopiens qui travaillent dans les usines étrangères aujourd’hui possèderont leur propre industrie d’ici 20 ans".