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La Banque mondiale et le FMI en Indonésie : une intervention emblématique

La politique de la Banque mondiale et du FMI à l’égard de l’Indonésie est emblématique à plusieurs égards. Elle combine l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, le soutien à un régime dictatorial responsable de crimes contre l’humanité, l’appui à un régime responsable d’une agression contre un pays voisin (annexion de Timor oriental en 1975) et le développement de méga-projets qui implique à la fois des transferts massifs de population, une déprédation des ressources naturelles au profit des transnationales et des agressions contre les populations natives.

En 1997, l’Indonésie subit de plein fouet la crise du Sud-Est asiatique au cours de laquelle les remèdes de la Banque mondiale et du FMI aggravent la crise économique et provoquent des désastres sociaux. Lors du drame du tsunami, la Banque et le FMI ne révèlent pas un autre visage. Les créanciers maintiennent la pression pour le remboursement des dettes indonésiennes et imposent une dose supplémentaire d’ajustement néolibéral.

En 1947, la Banque mondiale octroie un prêt de 195 millions de dollars aux Pays-Bas. C’est le deuxième prêt de l’histoire de la Banque. Deux semaines avant l’approbation de ce prêt, les Pays-Bas ont lancé l’offensive contre les nationalistes indonésiens qui exigent l’indépendance. Au cours des deux années qui suivent, les troupes hollandaises d’occupation s’élèvent à 145 000 hommes : il s’agit donc d’une action d’envergure difficile à cacher. Des voix s’élèvent au sein de l’ONU et aux États-Unis pour critiquer la politique hollandaise en Indonésie et mettre en cause la Banque mondiale. Elle répond que son prêt était destiné à des dépenses à réaliser aux Pays-Bas. Les voix critiques rétorquent qu’étant donné le caractère fongible de l’argent, le gouvernement hollandais a de toute façon profité de ce prêt pour soutenir son effort militaire en Indonésie [1].

Les États-Unis mettent la pression sur les Pays-Bas à qui ils accordent 400 millions de dollars au titre du plan Marshall pour qu’ils accordent l’indépendance à l’Indonésie. Leur but est d’ouvrir un nouveau champ d’investissement et de commerce pour leurs entreprises. Le 27 décembre 1949, le transfert de souveraineté est signé. L’Indonésie se transforme en une République et le nationaliste Soekarno est élu Président. Il s’attache à maintenir un équilibre entre les différentes factions du pays, avec le pouvoir personnel comme objectif. Suite aux premières élections, en 1955, pour asseoir sa légitimité, Soekarno décide de collaborer avec le parti communiste (PKI). Le PKI a remporté 16 % des voix et le parti de Soekarno, le PNI, 25 %.

Sur le plan extérieur, Soekarno s’emploie habilement à utiliser les deux blocs en guerre froide et il arrive là aussi à maintenir un équilibre jusqu’en 1963, moment où les États-Unis, excédés par l’aide massive de l’URSS à l’Indonésie, lui demandent explicitement de choisir son camp. C’est le FMI qui joue les intermédiaires en proposant une aide financière strictement conditionnée à une coopération étroite. Dès mars 1963, les négociations sur les prêts sont entamées avec les États-Unis, le FMI et des pays membres de l’OCDE, mais tout bascule en septembre 1963 lorsque la Fédération de Malaisie est proclamée par les Britanniques sans consultation. Soekarno y perçoit une manœuvre de déstabilisation et il répond en nationalisant les entreprises britanniques, ce qui entraîne l’annulation des accords conclus avec le FMI. Malgré tout, l’ONU avalise la création de la Malaisie et Soekarno, n’obtenant pas gain de cause, claque la porte onusienne en 1965.

C’est l’apogée de la guerre froide et Soekarno nationalise toutes les entreprises privées étrangères (sauf les compagnies pétrolières). Il quitte le FMI et la Banque mondiale en août 1965 et décide de prendre en main le pays de manière indépendante. C’est alors qu’intervient militairement, le 30 septembre 1965, le général Mohamed Suharto, soutenu par Washington.

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Notes

[1] Voir Bruce Rich, Mortgaging the Earth, Londres, Earthscan, 1994.

Étudier l’histoire du pouvoir bancaire avec Kontre Kulture :

 






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