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L’opération à Idlib menée par Damas pourrait-elle mettre à mal l’alliance entre Ankara et Moscou ?

Alors que l’armée syrienne poursuit son offensive dans la province d’Idlib contre les derniers bastions terroristes, l’incident militaire aura sans doute un impact sur l’agenda diplomatique de la Russie et de ses partenaires du processus d’Astana.

 

Si la Syrie a d’ores et déjà entamé un processus de reconstruction à la faveur de la libération de nombreux territoires repris aux organisations terroristes, l’armée syrienne, poursuit ses opérations notamment dans la province d’Idlib contrôlée à 90 % par les groupes djihadistes dont Hayat Tahrir al Chams (ex-Jahbat al-Nosra) et des rebelles soutenus par Ankara.

Dernière opération menée avec succès par l’armée syrienne : la prise, le 18 août, de la localité de Khan Cheikhoun. Une première depuis 2014. Moins d’une semaine après cette offensive, le 22 août, Damas a annoncé l’ouverture d’un corridor humanitaire afin de permettre aux civils de quitter la région. « La République syrienne annonce l’ouverture d’un corridor humanitaire dans la région de Sourane, dans le nord de la province de Hama, pour permettre aux citoyens le souhaitant de sortir des régions sous contrôle des terroristes dans le nord de Hama et le sud d’Idlib », a précisé le ministère syrien des Affaires étrangères à Damas cité par l’agence de presse syrienne Sana.

Pour autant, la multiplicité des acteurs et les problèmes de coordination entre notamment la Turquie et la Syrie pour sécuriser la zone n’est pas sans poser un problème crucial dans la résolution du conflit, comme en témoigne le dernier incident entre Damas et Ankara.

 

Le récent incident impliquant Damas et Ankara menace une résolution rapide du conflit syrien

Aux combats opposant l’armée syrienne aux différents groupes terroristes, un récent incident militaire impliquant Ankara et Damas est venu en effet s’y greffer. Le 19 août, un convoi de l’armée turque chargé de munitions a franchi la frontière. Selon le ministère turc de la Défense, le convoi devait ravitailler l’un des postes d’observation turc installé à idlib.

En application de l’accord d’Astana, la Turquie avait entamé le déploiement en septembre 2017 de dizaines de soldats et de blindés dans la province d’Idlib et procédé à l’installation des premiers postes d’observation.

Mais, l’explication fournie par la Turquie ne convainc guère la Syrie. Selon l’agence de presse syrienne Sana qui cite une source proche du ministère syrien des Affaires étrangères, le convoi avait pour mission d’apporter un soutien logistique aux milices pro-turques dans le gouvernorat d’Idlib. Damas va jusqu’à accuser la Turquie de chercher à « aider les terroristes vaincus de [Hayat Tahrir al Chams] ».

Idlib fait, par ailleurs, l’objet depuis septembre 2018 d’un accord russo-turc sur la sécurisation d’une « zone démilitarisée ». Conclue dans la ville russe de Sotchi le 17 septembre, cette initiative prévoyait, entre autres, la création d’une zone tampon de 15 à 20 kilomètres de large, en forme de fer à cheval, sous le contrôle conjoint de la Russie et de la Turquie, non seulement dans la province d’Idlib et des secteurs des régions voisines d’Alep, Hama et Lattaquié. Les djihadistes devaient se retirer, avec leurs armes lourdes, de façon à ne plus se mélanger aux populations civiles. HTS a toutefois refusé ces dispositions. Le dernier accrochage sur le terrain entre Ankara et Damas pourrait rendre la situation dans le nord-ouest de la Syrie encore plus explosive.

 

En attendant le prochain sommet d’Astana, un entretien Poutine-Erdogan pour désamorcer la crise ?

Partie prenante avec la Turquie et l’Iran du processus d’Astana, la Russie sera sans doute amenée à proposer très rapidement à ses partenaires de nouvelles initiatives pour éviter un tel scénario.

Allié de Damas, Moscou a néanmoins réaffirmé le caractère primordial de la lutte contre les organisations terroristes. « Nous soutenons les efforts de l’armée syrienne en vue d’éliminer les menaces terroristes à Idlib », a déclaré Vladimir Poutine, lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron au fort de Brégançon, le 19 août.

De son côté, le porte-parole du Kremlin, cité par l’agence de presse russe TASS a annoncé le 21 août, soit deux jours après l’incident entre Damas et Ankara, que le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdoğan pourraient avoir une conversation téléphonique et discuter de la situation en Syrie dans les prochains jours.

 

 

L’initiative russe intervient alors que la prochaine date de ce processus tripartite est prévu le 16 septembre à Ankara. C’est dans ce cadre diplomatique qui inclue également des représentants de Damas et une délégation de l’opposition, que les trois dirigeants Vladimir Poutine, Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdoğan tentent de poser les jalons d’une résolution durable du conflit.

Au regard des derniers développements dans la région, les partenaires plancheront à nouveau sur les moyens de mieux coordonner les opérations terrestres pour éviter une résurgence des désaccords qui pourraient, à l’arrivée, profiter aux organisations terroristes.

 

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