C’est en 1953 que la Chine a commencé à développer des armes nucléaires, avec, à l’époque, l’appui des Soviétiques, lequel lui sera fourni jusqu’en 1959. Mais cela n’a pas empêché Pékin de poursuivre ses projets et, en 1964, une première bombe chinoise sera testée.
Depuis, et selon ce qui a été affirmé dans plusieurs Livres blancs concernant sa défense, la Chine affirme s’interdit d’utiliser sa force de frappe contre tout Etat qui ne serait pas doté d’armes nucléaires et qu’elle n’y aura pas recours en premier dans le cas d’un conflit l’opposant à une autre puissance disposant d’une force de frappe.
Par ailleurs, Pékin refuse, du moins officiellement, de se lancer dans une course aux armements nucléaires mais se réserve toutefois le droit de moderniser et d’étoffer son arsenal afin de maintenir la crédibilité de sa force de frappe, laquelle serait menacée par le projet de bouclier antimissile américain – et par extension – de l’Otan.
Ceci étant posé, sur la base d’un rapport du Pentagone, le président du sous-comité des forces stratégiques américaines, le républicain Michael Turner, a évoqué, le 14 octobre, lors d’une audition, l’existence d’un important réseau souterrain chinois susceptible d’abriter des armes nucléaires.
« Ce réseau de tunnels, qui pourrait dépasser 5000 km de long, sert à transporter des armes et des forces nucléaires », a-t-il déclaré. « Au moment où nous nous efforçons de rendre notre armement nucléaire plus transparent, la Chine construit ce système souterrain afin de rendre son arsenal nucléaire encore plus opaque » a-t-il dénoncé.
Les Etats-Unis critiquent régulièrement le manque de transparence des autorités chinoises dans le domaine militaire, le budget de la défense annoncé chaque année par Pékin étant suspecté d’être en deçà des ressources effectivement allouées à l’Armée populaire de libération (APL).
Reste que ce réseau souterrain n’est pas une nouveauté puisque la presse officielle chinoise en a déjà parlé en 2009. Sa raison d’être est conforme avec la doctrine de dissuasion en vigueur à Pékin puisqu’il s’agit, officiellement, de préserver l’arsenal nucléaire chinois en cas d’attaque afin de pouvoir riposter.
Cela étant, des experts invités à s’exprimer au cours de cette audition ont fait part de leur préoccupation. « Cela dépasse l’entendement » a déclaré Mark Schneider, du National Institute for Public Policy, pour qui ce réseau souterrain « a des implications énormes quant à la vision de la guerre nucléaire (des Chinois) et de la capacité de survie de leurs systèmes et de leurs dirigeants ». « Il sera pratiquement impossible, pour les Etats-Unis, de viser une chose pareille, quelle que sout la quantité d’armes nucléaires que l’on a » a-t-il estimé.
Plus graves encore sont les intentions prêtés au régime chinois par Richard Fischer, de l’Internationa Assessement and Strategy Center, selon qui ce vaste réseau permettrait à l’APL de dissumiler l’importance de son arsenal nucléaire. « Savons-nous vraiment combien de missiles les Chinois ont aujourd’hui ? » s’est-il interrogé.
Quoi qu’il en soit, ces déclarations ont été faites alors que certains élus lorgnent sur le budget attribué aux forces stratégiques américaines pour faire des économies. Ainsi, à l’initiative d’Ed Markey, un sénateur démocrate du Massachussetts, une lettre, signée par 65 parlementaires et envoyée le 11 octobre à la commission mixte mise en place pour étudier les mesures visant à réduire les déficits publics des Etats-Unis, s’en prend directement à ces dépenses.
« Le mur de Berlin est tombé. L’Union soviétique s’est effondrée. La Guerre froide a pris fin. Pourtant, 20 ans plus tard, nous continuons à dépenser 50 milliards de dollars par an pour l’arsenal nucléaire américain. Cela n’a aucun sens. Ces fonds sont une ponction sur notre budget et un mauvais service à la prochaine génération d’Américains. Nous volons l’avenir pour payer des armes inutiles et du passé » y-est-il écrit.
Ce à quoi le président du sous-comité parlementaire sur les forces stratégiques a répondu lors de l’audition du 14 octobre. Selon lui, il ne faudrait pas risquer de voir la Chine et la Russie « moderniser leur arsenal nucléaire » pendant que les Etats-Unis « restent les bras croisés en se contentant d’entretenir des forces nucléaires vieillissantes ».