Les occidentaux sont friands de crevettes, de gambas et de gros crustacés. On en trouve des tonnes de toutes tailles dans les hypermarchés. Congelées ou fraîches, ces protéines pleines de pattes viennent en grande majorité d’Asie. Les grands producteurs sont, dans l’ordre, le Viêt Nam, la Thaïlande, l’Inde et l’Indonésie.
Le crevettier a été popularisé dans le film Forrest Gump avec Tom Hanks, quand le soldat américain en guerre en Asie du Sud-Est parle se lancer dans la pêche aux crevettes avec son pote Bubba. Mais aujourd’hui, on produit de plus en plus en aquaculture, et ça s’appelle la pénéiculture.
Le Viêt Nam tire 2,5 milliards de dollars par an de ses exportations de crevettes. C’est donc une industrie vitale pour le pays, qui a besoin de devises. Un marché compris dans le partenariat transpacifique qui règle principalement les échanges entre Amérique et Asie.
Cependant, l’Union européenne n’est pas en reste, et elle contribue à développer cette industrie agro-alimentaire dans un pays qui a souffert de 30 ans de guerre et qui s’est malgré tout relevé. En 2016, l’UE a ainsi financé une chaîne de développement durable qui concerne 25 000 ouvriers dans trois provinces. Le prêt de 2,5 millions d’euros a permis à des petits producteurs de se lancer dans cette culture profitable.
L’industrie de la crevette a transformé plusieurs régions : le rapport est tel que les motos y ont remplacé les vélos, des routes sont arrivées, tout cela grâce à la multiplication des bassins. Certes, l’environnement a pris un coup de vieux, les mangroves étant impactées par l’aménagement des fermes à crevettes. C’est le cas du dela du Mékong. Inversement, la production de riz périclite : elle rapporte moins et on s’y casse plus sûrement le dos.
Et la crevette vietnamienne ne va pas s’arrêter là, puisque le gouvernement entend tripler sa production. Le revers de la médaille, au-delà des dégâts de la fragile niche écologique locale (développement de bactéries épidémiques qui augmentent la réponse antibiotique, alimentation des crevettes à base de farines animales plus ou moins saines, concentration des individus jusqu’à 200 au mètre carré), c’est le grossissement artificiel. À l’image de nos vaches qui vont faire un petit tour de quelques semaines en Italie pour revenir plus grosses, et donc plus chères. Sur la vidéo suivante, les gambas sont piquées à la gélatine :
À Madagascar aussi, on mise sur la crevette, mais avec des méthodes plus scientifiques :
En Thaïlande, le profit du secteur est assuré par un travail plus ou moins forcé :