À l’heure où madame Touraine, ministre de la Santé, nous annonce qu’elle va faire des économies sur le budget de la Sécurité sociale, la presse nous annonce deux nouvelles.
L’une bonne : la société américaine Gilead a découvert un médicament (le Sovaldi) qui doit permettre de traiter et de guérir 90 % des malades atteints d’hépatite C, alors que les traitements actuels n’ont pas un tel taux de réussite et sont souvent mal supportés. L’autre mauvaise : ce médicament est très, très cher (56.000 € le traitement de 12 semaines), au point que le députés PS Gérard Bapt, rapporteur du projet de loi de finances sur la Sécurité sociale, a demandé au président de la filiale française de ce laboratoire de revoir le prix de ce médicament à la baisse, sachant qu’il sera remboursé à 100 % par la Sécurité sociale et que le fait de traiter les 60.000 malades les plus gravement atteints représenterait un budget de plus de 3 milliards d’euros.
On peut, bien sûr, penser que la santé n’a pas de prix, mais lorsqu’on sait que le coût de fabrication du médicament serait d’environ 200 € par traitement, on est loin des 56.000 €, prix auquel ce laboratoire entend vendre son traitement. Certes, le prix de revient ne prend pas en compte les frais de recherche et de développement qui furent nécessaires pour proposer cette molécule, mais il est peu probable qu’ils puissent justifier un tel écart. Nous somme bien loin de l’image d’Épinal où l’on voyait un apothicaire fabriquer les médicaments prescrits par le médecin. En se substituant à l’apothicaire pour la fabrication des médicaments, l’industrie pharmaceutique a pris, progressivement, le contrôle du système et, par sa position dominante, impose ses lois.