Faut-il craindre la faillite d’une banque française ? Jeudi dernier, Nicolas Sarkozy avait évoqué cette éventualité au cours de son discours sur la crise financière. Il s’agissait alors de dramatiser les événements et, surtout, de se présenter comme le sauveur de la nation. « Je n’accepterais pas qu’un seul déposant perde un seul euro parce qu’un établissement financier se révélerait dans l’incapacité de faire face à ses engagements », avait-il déclaré, bravache. Mais il se pourrait que le président de la République ait à prendre cette responsabilité très vite.
Après le sauvetage ces deux derniers jours de trois banques européennes - le belgo-néerlandais Fortis, le britannique Bradford & Bingley et l’allemand Hypo Real Estate (lire page 4) -, la panique s’est emparée des investisseurs du continent. Et la situation aux Etats-Unis n’a rien arrangé. Le plan d’aide de 700 milliards de dollars a été très critiqué, avant - coup de théâtre ! - d’être finalement rejeté hier dans la soirée par la Chambre des représentants, faisant plonger Wall Street. Le Dow Jones a perdu 6,98 %, record jamais atteint depuis le 11 septembre 2001. Le Nasdaq a lui chuté de 9,14 %. Auparavant, les valeurs bancaires s’étaient déjà effondrées, entraînant dans leur chute l’ensemble des Bourses européennes (Paris a perdu 5 %, Francfort 4,2 %, et Londres 5,3 %).
Convoqués. Dans ce marasme, deux établissements financiers français ont concentré la panique. Dexia, l’ex-Crédit local de France, marié avec le Crédit communal de Belgique, a vu son titre chuter de 28,5 %, sur fonds de rumeur d’augmentation de capital. Tandis que Natixis, la banque de financement et d’investissement française, a vu son cours perdre jusqu’à 30 % en séance, avant de terminer sur une baisse de 13,7 %. A priori, aucune des deux entreprises ne rencontre de crise de liquidité, et toutes les deux ont de solides actionnaires (les Caisses d’Epargne et les Banques Populaires pour Natixis, la Caisse des dépôts et les communes belges pour Dexia). Il n’empêche, les pouvoirs publics se préparent au pire.
Christine Lagarde, la ministre des Finances, a ainsi déclaré hier que la Caisse des dépôts, bras financier de l’Etat, « prendrait ses responsabilités en tant qu’actionnaire » de Dexia. L’Etat belge est passé à l’action hier soir en décidant de voler au secours de la société spécialisée dans le financement des collectivités locales. Et dès ce matin, les présidents des grandes banques et assurances françaises sont convoqués à l’Elysée, pour évoquer, avec Sarkozy, Fillon et Lagarde, « la situation des institutions financières ainsi que la distribution des crédits aux ménages et aux entreprises », dixit la présidence. L’entourage de Sarkozy justifiait hier à l’AFP la tenue de cette réunion par le fait que « si le système bancaire français est plutôt mieux protégé que les autres, la situation a changé ». « Des banques sont en difficulté en Allemagne, en Belgique, en Grande-Bretagne, on commence à se sentir un peu encerclés », ajoutait la même source.
Adeptes. Selon l’Elysée, l’Europe pourrait jouer un rôle de stabilisateur. Dans la panique, les institutions de Bruxelles ont, pour l’instant, plutôt bien fonctionné. La Commission n’a pas fait les gros yeux aux gouvernements belges, luxembourgeois et néerlandais, qui, en nationalisant Fortis, ont apporté ce qui ressemble bel et bien à une aide d’Etat. « Il n’y a pas de nécessité pour les services de la concurrence d’enquêter », déclarait hier la Commission. Et l’idée de Sarkozy d’un sommet financier international, annoncée la semaine dernière à l’ONU, fait de plus en plus d’adeptes. Hier, Jean-Claude Junker, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, a salué une « initiative » qui « démontre que l’Europe a l’aspiration de jouer un rôle moteur dans la mise en place de mécanismes anti-crise ». Une réunion de préparation à ce sommet, réservée aux Européens, doit bientôt se tenir à Paris. Aura-t-elle lieu à temps pour éviter la faillite d’un établissement français ?
Source : http://www.liberation.fr
Après le sauvetage ces deux derniers jours de trois banques européennes - le belgo-néerlandais Fortis, le britannique Bradford & Bingley et l’allemand Hypo Real Estate (lire page 4) -, la panique s’est emparée des investisseurs du continent. Et la situation aux Etats-Unis n’a rien arrangé. Le plan d’aide de 700 milliards de dollars a été très critiqué, avant - coup de théâtre ! - d’être finalement rejeté hier dans la soirée par la Chambre des représentants, faisant plonger Wall Street. Le Dow Jones a perdu 6,98 %, record jamais atteint depuis le 11 septembre 2001. Le Nasdaq a lui chuté de 9,14 %. Auparavant, les valeurs bancaires s’étaient déjà effondrées, entraînant dans leur chute l’ensemble des Bourses européennes (Paris a perdu 5 %, Francfort 4,2 %, et Londres 5,3 %).
Convoqués. Dans ce marasme, deux établissements financiers français ont concentré la panique. Dexia, l’ex-Crédit local de France, marié avec le Crédit communal de Belgique, a vu son titre chuter de 28,5 %, sur fonds de rumeur d’augmentation de capital. Tandis que Natixis, la banque de financement et d’investissement française, a vu son cours perdre jusqu’à 30 % en séance, avant de terminer sur une baisse de 13,7 %. A priori, aucune des deux entreprises ne rencontre de crise de liquidité, et toutes les deux ont de solides actionnaires (les Caisses d’Epargne et les Banques Populaires pour Natixis, la Caisse des dépôts et les communes belges pour Dexia). Il n’empêche, les pouvoirs publics se préparent au pire.
Christine Lagarde, la ministre des Finances, a ainsi déclaré hier que la Caisse des dépôts, bras financier de l’Etat, « prendrait ses responsabilités en tant qu’actionnaire » de Dexia. L’Etat belge est passé à l’action hier soir en décidant de voler au secours de la société spécialisée dans le financement des collectivités locales. Et dès ce matin, les présidents des grandes banques et assurances françaises sont convoqués à l’Elysée, pour évoquer, avec Sarkozy, Fillon et Lagarde, « la situation des institutions financières ainsi que la distribution des crédits aux ménages et aux entreprises », dixit la présidence. L’entourage de Sarkozy justifiait hier à l’AFP la tenue de cette réunion par le fait que « si le système bancaire français est plutôt mieux protégé que les autres, la situation a changé ». « Des banques sont en difficulté en Allemagne, en Belgique, en Grande-Bretagne, on commence à se sentir un peu encerclés », ajoutait la même source.
Adeptes. Selon l’Elysée, l’Europe pourrait jouer un rôle de stabilisateur. Dans la panique, les institutions de Bruxelles ont, pour l’instant, plutôt bien fonctionné. La Commission n’a pas fait les gros yeux aux gouvernements belges, luxembourgeois et néerlandais, qui, en nationalisant Fortis, ont apporté ce qui ressemble bel et bien à une aide d’Etat. « Il n’y a pas de nécessité pour les services de la concurrence d’enquêter », déclarait hier la Commission. Et l’idée de Sarkozy d’un sommet financier international, annoncée la semaine dernière à l’ONU, fait de plus en plus d’adeptes. Hier, Jean-Claude Junker, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, a salué une « initiative » qui « démontre que l’Europe a l’aspiration de jouer un rôle moteur dans la mise en place de mécanismes anti-crise ». Une réunion de préparation à ce sommet, réservée aux Européens, doit bientôt se tenir à Paris. Aura-t-elle lieu à temps pour éviter la faillite d’un établissement français ?
Source : http://www.liberation.fr