L’instruction complètement réalisée à domicile, plus couramment nommée « l’école à la maison », est en constante progression aux États-Unis. Le home schooling représenterait à présent près de 3,5 % des élèves en âge d’être scolarisés.
La possibilité de remplacer l’école par l’instruction à domicile est pourtant une option assez récente, mais ce mode d’éducation s’est très vite développé. La Caroline du Nord en est un parfait exemple : l’école à la maison y est légale depuis 1985, mais avec des taux de croissance annuels dépassant parfois les 10 % [1], l’État compte aujourd’hui plus d’élèves en home schooling que dans les écoles privées, l’autre alternative à l’école publique [2].
Pour expliquer leur choix, les familles évoquent généralement les problèmes de drogue ou de violence à l’école, le contenu ou la qualité des programmes, ou encore des motifs moraux et religieux. L’école privée pouvant être très onéreuse, l’école à la maison apparaît alors rapidement comme une alternative viable.
L’avancée des common core, ces standards de connaissance et d’éducation qui ont tendance à s’imposer au niveau fédéral comme des requis obligatoires, ravive les tensions entre certaines associations de défense de l’instruction à la maison et les institutions fédérales [3].
Situation en France
Ce sont les tests d’acquis qui ont plusieurs fois été le sujet de controverses en France, où l’école à la maison concerne, en fonction des approches, entre 0,2 % et 0,4 % des enfants en âge d’être scolarisés.
La France est l’un des pays les plus « permissifs » en Europe en matière d’instruction à domicile. Dans d’autres nations, telles que l’Allemagne, l’école est obligatoire.
Mais cette exception française pourrait bien ne pas durer. On peut par exemple rappeler la proposition soutenue par sept sénateurs UMP en décembre dernier. Ces élus proposaient de restreindre fortement l’école à la maison : seuls les cas d’enfants physiquement inaptes à se rendre à l’école auraient droit à une dérogation. Cette proposition aurait été motivée par la menace d’une montée de l’instruction à domicile potentiellement contraire à la bonne morale parmi ces nouveaux ennemis de la République que sont certaines populations des banlieues françaises [4]…
Mais la volonté de généraliser le caractère obligatoire de la scolarité (ou de rallonger l’obligation d’instruction) est souvent l’apanage des partis progressistes de « gauche » [5]. On y lit l’idée de vouloir extraire l’enfant de son éventuel carcan familial « réactionnaire », pour qu’il puisse exercer sa liberté de penser au sein de l’univers égalitariste et « laïc » de l’école républicaine.
Les mots du spécialiste de l’éducation qu’est Jean-Luc Brighelli, auteur de La Fabrique du crétin et homme de gauche s’il en est, résument parfaitement la situation. Celui qui milite pour un retour aux fonctions traditionnelles de l’école fait le bilan suivant des « trente ans de gabegie idéologique », depuis la loi Jospin de 1989 :
« Les libertaires ont admirablement fait le jeu des libéraux, qui rêvent d’un tiers monde à portée de main [6]. »