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L’ancien chef des services secrets de Milosevic travaillait pour la CIA

Ils se sont rencontrés une nuit de 1992 dans le parc de Topcider, à Belgrade. A l’époque, Jovica Stanisic dirige les services secrets du président serbe Slobodan Milosevic. William Lofgren, officier de la CIA, cherche désespérément des agents en Yougoslavie. Un accord secret se noue entre les deux hommes. Pendant huit ans, Jovica Stanisic deviendra le principal correspondant des services américains à Belgrade.

L’affaire, révélée par le Los Angeles Times, semble tout droit sortie d’un roman de John Le Carré. Proche de Milosevic, Stanicis aurait livré à la CIA des informations cruciales sur le fonctionnement du régime de Belgrade et joué un rôle essentiel dans la libération des otages français de Sarajevo en 1995. D’après le quotidien californien, Stanisic aurait également aidé l’agence américaine à localiser des fosses communes et à mettre en place un réseau de bases secrètes en Bosnie.

Pendant sept ans, l’ancien chef des services sercrets serbes a été le témoin numéro un des faits et gestes de Slobodan Milosevic. Inculpé par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre pendant les guerres en Croatie (1991-1995) et en Bosnie-Herzégovine (1992-1995), il est notamment accusé d’avoir participé à une "entreprise criminelle commune" pour créer une "Grande Serbie".

POUR LA CIA, "IL A FAIT UN BON NOMBRE DE BONNES CHOSES"

Jovica Stanisic, qui plaide non coupable, sait qu’il risque la prison à vie. C’est pour échapper à cette peine qu’il a fait appel à ses amis américains. Chose extrêmement rare, comme le souligne le Courrier des Balkans, la CIA a envoyé au TPIY un texte confidentiel détaillant les contributions de son ancien correspondant et témoignant de son rôle positif dans la résolution du conflit en ex-Yougoslavie.

D’après William Logfren, interrogé par le Los Angeles Times, ce document entend montrer "que celui que l’on présente comme un personnage diabolique a fait un bon nombre de bonnes choses" qui "ont permis de mettre fin aux hostilités et in fine contribué à ramener la paix en Bosnie".

Actuellement à Belgrade, en liberté provisoire, Jovica Stanisic est soigné à l’hôpital militaire. Son procès, prévu le 17 mars 2008, n’a jamais commencé en raison de son état de santé physique et mental. Un rapport psychiatrique l’a décrit comme suicidaire et en proie à "une grave dépression". Il souffre, en outre, d’ostéoporose, d’une infection de l’intestin grêle et de calculs rénaux, selon des documents du TPIY. Ses avocats réclament de longue date la fin des poursuites à son encontre, mais les juges du TPIY ont affirmé à plusieurs reprises qu’il était "apte à être jugé".