Au moment où nous écrivons ces lignes (21 février 2022), la tension est particulièrement vive entre l’Ukraine et la Russie. Des incidents violents (tirs et bombardements) ont éclaté dans la partie orientale ukrainienne, le Donbass, majoritairement russophone [1].
Cet ensemble géographique rebelle à Kiev, composé de deux républiques séparatistes, Donetsk et Lougansk, a été soumis sous l’égide de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) aux « Accords de Minsk » dès 2014 afin d’empêcher tout conflit militaire. Les espoirs d’un gel du conflit ont été vite douchés car rien n’a été réglé sur le fond au vu de la situation actuelle. À cela, les médias occidentaux, en priorité américains, évoquent de manière pressante une intervention militaire russe en Ukraine tandis que le Kremlin s’en défend (officiellement). Toutefois, la présence massive de l’armée russe aux abords des frontières ukrainiennes et sa capacité à agir sur la partie adverse (système de guerre électronique par exemple) laissent à penser que la chose est dans le domaine du possible. En tout cas, cette forte présence militaire russe est aussi un moyen pour obliger la partie d’en face, l’Occident, à engager des discussions diplomatiques. Comment en est-on arrivé à ce degré de crise ?
Nous devons rappeler quelques points fondamentaux structurant l’arrière-fond de la situation. L’indépendance de l’Ukraine à la chute de l’Union soviétique en 1990-1991 a accéléré le délabrement des structures économiques du pays miné par de véritables groupes mafieux liés à des intérêts financiers américains pillant les richesses du fragile État. L’Ukraine est secouée par des crises internes entre les partisans et les opposants à l’Union européenne et à l’OTAN, instabilité se traduisant par des manifestations populaires soutenues en sous-main par les Occidentaux avec la « révolution orange » en 2004. Qui plus est, l’Ukraine est dépendante du gaz russe rendant le pays encore plus fragile. Le refus du gouvernement Ianoukovytch de signer les accords de rapprochement de l’Ukraine avec l’Union européenne en novembre 2013, moyennant un appui financier de la part de celle-ci, relança la politique de rapprochement de Kiev avec Moscou. Cette situation fut insupportable pour les Anglo-Américains soucieux de faire tomber le pays dans la sphère de l’OTAN et de l’Union européenne afin d’affaiblir la Russie. Ils favorisèrent donc une révolution de couleur (manifestations pro-européennes à Kiev) sur la place principale de la capitale ukrainienne, Maïdan. Ces manifestations europhiles, fin 2013 et début 2014, furent résumées sous le nom d’ « Euromaïdan ». La destitution du gouvernement ukrainien et tous les troubles qui s’ensuivirent rendirent possible la proclamation de l’indépendance de la Crimée largement russophone et rebelle à la politique de Kiev. Rattachée, après référendum, à la Russie en mars 2014, Poutine avait marqué un point face au monde anglo-saxon. L’Ukraine depuis cette date, économiquement affaiblie, a continué à « vivoter » sous influence occidentale sans pour autant se développer. L’arrivée au pouvoir en 2019 de l’europhile et américolâtre Volodymyr Zelensky n’a pas apaisé la situation, en particulier à l’égard du Donbass.
Outre ces éléments, il faut souligner que nous avons affaire à des luttes d’influence entre, d’un côté, la Russie (sans oublier la Chine en arrière-fond et sa politique de la « route de la soie ») et, de l’autre, l’Union européenne soumise au monde anglo-saxon (la City de Londres) et à l’OTAN même si des velléités de révoltes peuvent apparaître de-ci de-là parmi les dirigeants européens. Pour les hautes sphères mondialistes, la finalité du projet est d’aboutir à un directoire mondial. Tout le problème repose sur une répartition et une hiérarchisation des intérêts politico-financiers acceptées par les différentes factions oligarchiques composant ce futur directoire. Une large frange des élites anglo-saxonnes veut rafler la mise et laisser des miettes aux autres, politique qui n’était pas celle du président Trump adhérant, lui et une partie de l’État profond américain, au principe d’une répartition équitable des intérêts mondialistes parmi les factions oligarchiques dont la Russie de Poutine. Depuis son départ en janvier 2021, la Russie et la Chine sont à nouveau confrontées à cette politique de l’autre frange anglo-saxonne consistant à reléguer ces deux pays en seconde zone. Moscou et Pékin veulent une large part du « gâteau mondial » respectant leurs intérêts financiers. Par ailleurs, les États-Unis sont minés par des faiblesses internes se traduisant, entre autres, par un endettement colossal en particulier celui de l’État fédéral qui dépasse les 30 000 milliards de dollars.
Pour ne pas aggraver la situation, Washington tient à maintenir la dragée haute face à la Russie en soumettant l’Union européenne et, en priorité, l’Allemagne, dont certaines élites souhaiteraient voir un renforcement des liens de leur pays avec la Russie de Poutine. Si un tel phénomène se traduisait dans ce sens, nous aurions l’accomplissement des projets du Kremlin, énoncés dès 2010 puis à nouveau en janvier 2014 lors d’un sommet Union européenne-Russie, appelant à l’émergence d’un vaste territoire de libre-échange de Lisbonne à Vladivostock. Un scénario de ce genre éjecterait le monde anglo-américain des affaires du Vieux continent tout en affermissant la politique de la « route de la soie » au profit de la Chine et de la Russie, perspectives faisant frémir d’horreur autant Londres que Washington. Par conséquent, la diplomatie américaine ne serait pas désolée de voir Poutine se jeter sur l’Ukraine car, en contrepartie, l’Allemagne, dépendante du gaz russe via Nord Stream II, serait dans l’obligation « morale » (et encore ! ce n’est même pas sûr) de rompre ses liens économiques avec Moscou (sauf à sauter le pas et à se ranger définitivement du côté russe… chambardement géopolitique extraordinaire en perspective) et à fermer complètement son approvisionnement en gaz venant de Russie. Outre une politique de sanctions infligée par l’Occident à l’égard du monde russe, les États-Unis chercheraient à fournir à Berlin leur gaz liquéfié, renforçant leur férule sur le gouvernement allemand en particulier et l’Union européenne en général, au grand dam de Moscou et de Pékin, ce dernier étant privé de son terminal européen de la « route de la soie ». De toute manière, cette politique de sanctions aggravera l’économie mondiale déjà mal en point depuis l’affaire du Covid, en particulier les pays de l’Union européenne.
En dehors de ces batailles internes, il faut rappeler une réalité historique et spirituelle se surajoutant aux aspects politiques, stratégiques et énergétiques. En effet, la partie orientale de l’Ukraine faisait partie de l’Empire Khazar dont la population s’est convertie progressivement à partir du VIIIe siècle au judaïsme. En 2022, certaines factions juives considèrent ces territoires comme une seconde Judée. Nous avons les juifs « traditionalistes » (oligarques) soutenant Poutine (les Loubavitch autour du rabbin Berel Lazar) qui s’opposent aux factions juives ukrainiennes, oligarques liés à l’Occident. L’actuel président ukrainien cité au début de cet article, Volodymyr Zelensky, est de confession juive. Nous avons en réalité un véritable enchevêtrement d’intérêts et d’oppositions multiples, tant financiers que spirituels, déchirant ce milieu, l’ensemble se répercutant sur les relations entre la Russie et l’Occident. Ce phénomène avait été souligné dès 2014 par Times of Israel dont le titre était annonciateur des rivalités profondes au sein de ce milieu : « Les juifs de Russie et d’Ukraine sont en guerre ». [2]
L’article précise en particulier que :
« Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a monté les dirigeants juifs de deux pays les uns contre les autres en déclenchant des échanges discordants entre des rabbins éminents de chaque côté de la frontière »
Tandis qu’il est précisé un peu plus loin que :
« Meilakh Sheykhet, le directeur ukrainien pour “L’Union américaine des conseils pour les Juifs dans l’ancienne Union soviétique” a déclaré à JTA [JTA : Jewish Telegraphic Agency] que “les principes juifs de justice et de vérité imposaient aux Juifs ukrainiens de combattre les mensonges, les falsifications, la propagande extrémiste pro-russe orchestrée par Poutine” ».
Face à ce chaudron en ébullition, nous espérons qu’une certaine rationalité animera les différents acteurs dans l’affaire ukrainienne. Rien n’est sûr toutefois. N’oublions pas que le message de Fatima en 1917 demandait instamment que la Russie soit consacrée au Cœur immaculé de Marie dans des conditions bien précises. Ces principes n’ont pas été respectés pour le moment. Doit-on croire, en raison du non-respect de cette demande mariale, que la Russie est appelée à devenir un jour le fléau de Dieu ?