Le gouvernement assure avoir engagé un dialogue avec les géants du Web pour que leurs algorithmes ne suggèrent plus autant de contenus susceptibles d’encourager à la radicalisation, ou de contacts susceptibles de les entraîner vers des cellules terroristes.
Le gouvernement a dévoilé lundi 9 mai un nouveau plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme, avec une série de 80 mesures destinées à mieux détecter en amont les potentiels terroristes, surveiller les filières, prévenir la radicalisation, développer des contre-discours, ou encore mieux sécuriser les sites sensibles. À ce titre, comme le remarque Pixels, le gouvernement a annoncé différentes mesures qui touchent directement à Internet, régulièrement considéré comme le principal terreau du terrorisme, sur lequel poussent les nouvelles recrues.
La mesure la plus concrète pour les internautes ne relève pourtant pas des compétences directes du gouvernement, mais plutôt des accords négociés avec les acteurs privés du Web. L’État souhaite en effet « lutter contre l’enfermement algorithmique », en demandant aux Facebook, Google, YouTube et autres Twitter de casser le cercle vicieux dans lequel les utilisateurs plongent sur les réseaux sociaux.
L’enfermement algorithmique, qu’est-ce que c’est ?
Le problème de l’enfermement algorithmique est identifié de longue date (sous l’expression anglophone de « bubble filter » ou « bulle filtrante »), et ne concerne pas seulement la radicalisation conduisant au terrorisme, mais plus largement toutes les opinions politiques, les connaissances culturelles ou même la diversité commerciale.
Sur les réseaux sociaux et sur les moteurs de recherche qui personnalisent les fils d’actualités ou les résultats, les algorithmes recommandent les contenus ou les personnes qui sont les plus susceptibles de plaire à l’internaute, en fonction de ses propres centres d’intérêts, ou de ceux de ses contacts. Ceux qui pensent la même chose ont donc tendance à être recommandés les uns aux autres, à se recommander des contenus entre eux, et donc à nourrir de plus en plus les thèses de leur propre extrémisme.
Les ultra libéraux parleront avec des partisans de la mort de l’État et partageront des articles qui montrent les ravages du socialisme, alors que les trostkistes débattront entre eux des nouveaux rapports sur la croissance des inégalités et de la corruption des élites. Chaque communauté de pensée se trouve donc isolée avec elle-même, dans un système intellectuel asphyxiant, où les pensées « adverses » ne sont même plus visibles.