L’antisémitisme. À en croire certains, il s’agit du plus grand fléau de l’humanité, qui sévit encore aujourd’hui, causant bien plus de maux que quelque famine ou État islamique. L’antisémitisme, cheval de bataille des antiracistes, de la bien-pensance de tous horizons — car nous serions de mauvaise foi si nous n’incluions que la gauche française —, des philosophes autoproclamés et de l’État d’Israël. Antisémitisme dont l’accusation vaut à la personne ciblée d’être vouée aux gémonies médiatiques, excommuniée de la grande religion de l’hypocrisie républicaine. Antisémitisme, prétexte d’un État illégal — si l’on s’en tient au traité des Nations unies de 1947, toujours en vigueur — pour exterminer « préventivement » quelques centaines de bambins « terroristes en devenir » à grands coups de phosphore blanc, avec la bénédiction d’un Occident paralysé depuis 70 ans par l’éternel prêche du Grand Pardon.
Mais au fond, qu’est-ce que l’antisémitisme ? N’imitons pas les faux prophètes, il n’est pas question ici d’en donner une explication passionnée, au contraire. Par le biais d’une analyse scientifique, rigoureuse, historique et partiale, certes, nous allons parler du livre de Bernard Lazare, L’Antisémitisme, son histoire et ses causes.
Présentation de l’auteur
Bernard Lazare (1865-1903) est un critique littéraire, journaliste politique et polémiste français. Juif nationaliste et pourtant anarchiste, Lazare fut l’un des premiers à défendre Dreyfus lors de la fameuse « Affaire », et milita pour le sort des juifs dans les pays de l’Est, en Roumanie et en Russie notamment. Il fut surtout connu pour avoir été l’un des grands défenseurs des Arméniens, victimes des persécutions ottomanes. Il fut un ami de Théodor Herzl, fondateur du sionisme, mais s’en éloigna progressivement. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le nationalisme juif, l’antisémitisme, dont le livre ci-présenté est l’œuvre majeure.
À propos de l’ouvrage
Avant toute chose, il convient de replacer L’Antisémitisme, son histoire et ses causes dans le contexte socio-historique de l’époque. Bernard Lazare est un homme du XIXe siècle, né sous le Second Empire et raisonnant sous la Troisième République. Son ouvrage reflète la pensée de l’époque : Lazare est juif, et se montre donc compatissant envers ses compatriotes, ce qu’on ne peut vraiment lui reprocher, car chacun ferait de même. Pour autant, son livre est rigoureux, documenté, mais partial, notamment lorsque critique est faite de la chrétienté et de l’Ancien Régime. On vit avec son temps…
Dans L’Antisémitisme, son histoire et ses causes, Bernard Lazare a voulu, avant tout, formuler une réponse au « best-seller » de l’époque qu’est l’ouvrage d’Édouard Drumont, La France juive (quasiment introuvable du fait des grands défenseurs de la liberté d’expression). Dans son livre, Bernard Lazare cherche donc à répondre aux antisémites de son époque, en livrant un ouvrage qui se veut historique, mais qui doit également répondre à une interrogation que beaucoup se posent encore aujourd’hui, mais qu’il est formellement interdit de poser sans encourir un procès pour « incitation à la haine ». Cette question, l’auteur la pose lui même en guise de préface :
« Il m’a semblé qu’une opinion aussi universelle que l’antisémitisme, ayant fleuri dans tous les lieux et dans tous les temps avant l’ère chrétienne et après, à Alexandrie, à Rome et à Antioche, en Arabie et en Perse, dans l’Europe du Moyen Âge et dans l’Europe moderne, en un mot, dans toutes les parties du monde où il y a eu et où il y a des Juifs, il m’a semblé qu’une telle opinion ne pouvait être le résultat d’une fantaisie et d’un caprice perpétuel, et qu’il devait y avoir à son éclosion et à sa permanence des raisons profondes et sérieuses. »
Aussi balaie-t-il à la fois les arguments des antisémites, qui affirmaient que les juifs étaient une race maudite animée par la quête perpétuelle du profit, et des philosémites, qui eux voyaient dans les juifs un peuple maltraité parce que différent, parce qu’unique, jalousé et persécuté en conséquence par toutes les sociétés du monde. Bernard Lazare résume dans ce livre sa propre vision de l’antisémitisme, mot fourre-tout dont il distingue bien les différentes composantes à travers l’histoire — de l’antijudaïsme théologique de la fin de l’Antiquité à l’antisémitisme racial de son époque — et démontre que sa responsabilité incombe d’abord et avant tout, non pas aux juifs eux-mêmes, mais aux talmudistes, ceux-là mêmes qui sont aujourd’hui au pouvoir en Israël, et qui ont enfermé les juifs dans un carcan idéologique très étroit, modelant tous les aspects de la vie, refusant le contact avec le « goy », l’impur, le non-juif. Lorsque certains juifs se sont élevés contre cela, le Fils de l’Homme en premier, la répression fut d’une extrême violence, à la fois verbale et physique.
Nous conseillons vivement, comme chaque fois, la lecture de ce livre qui, bien qu’orienté politiquement, permet une bien meilleure compréhension de ce phénomène qu’est l’antisémitisme, et qui permet de ne plus être pris au piège des raccourcis dénués de raison des squatteurs médiatiques et des ramassis de mensonges que l’on veut nous faire avaler. Pour compléter cette lecture, nous conseillons par exemple des ouvrages de Shlomo Sand, comme Comment le peuple juif fut inventé.