Les pays francophones pétroliers se distinguent par leur résistance à l’effondrement des cours du pétrole. Diversification et meilleure gouvernance expliquent en bonne partie cette singularité francophone. Mais un éventuel accord de libre-échange UE-CEMAC pourrait menacer ce dynamisme.
Selon le dernier rapport trimestriel du FMI, publié en octobre dernier, les pays francophones gros producteurs de matières premières seront pratiquement les seuls de leur catégorie, sur le continent africain, à connaître une croissance significative en 2016.
Le taux de croissance devrait ainsi se situer à 4,8 % pour le Cameroun, 3,6 % pour l’Algérie (meilleure performance du Maghreb), 3,2 % pour le Gabon, 1,7 % pour le Congo, et à 3,9 % pour la RDC, grand producteur de minerais et de métaux, et premier pays francophone du monde (74 millions d’habitants). À l’inverse, il devrait d’établir à 0,0 % pour l’Angola, être largement négatif au Nigéria (-1,7 %), et se situer à 0,1 % pour l’Afrique du Sud (pays aux grandes industries minières).
Ceci confirme donc la tendance observée en 2015, lorsque la croissance avait atteint 5,8 % au Cameroun, 4,0 % au Gabon, 3,9 % en Algérie, 2,3 % au Congo, et 6,9 % en RDC. Alors qu’elle s’était située à 3,0 % en Angola, 2,7 % au Nigéria, 1,3 % en Afrique du Sud, et avait été négative au Botswana (-0,3 %, avec un rebond à 3,0 % cette année).
L’Afrique subsaharienne francophone affichera donc les meilleures performances du contient pour la quatrième fois en cinq ans, étant également tirée par les très bons chiffres des pays d’Afrique de l’Ouest (8,0 % de prévus pour la Côte d’Ivoire, 6,9 % au Sénégal…). Cet ensemble de 22 pays avait déjà observé une croissance annuelle globale de 5,1 % sur la période 2012-2015 (5,6 % hors cas très particulier de la Guinée équatoriale). L’Afrique subsaharienne anglophone avait connu une moyenne de 3,7 % (Éthiopie et Rwanda inclus).
Diversification et bonne gouvernance
La résilience des pays francophones s’explique en bonne partie par les progrès en matière de diversification. D’ambitieux programmes ont été lancés, tels que le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) et le Plan Cameroun émergence 2035, avec pour objectif de développer le secteur agricole et les industries agroalimentaires, tout en créant des pôles métallurgiques et des industries pétrochimiques afin de mieux tirer profit des ressources naturelles déjà exploitées. Ces politiques ont permis au Gabon, au Cameroun et au Congo d’afficher un taux de croissance hors hydrocarbures compris entre 4 % et 5 % en 2015.
Dynamique également valable pour l’Algérie, première économie francophone du contient, qui a affiché une croissance hors hydrocarbures de 5,5 % en 2015 (principalement tirée par l’agriculture et les industries légères, secteurs longtemps sacrifiés). Même si le pétrole et le gaz pèsent encore pour plus de 95 % de ses exportations (comme pour l’Angola), leur part a toutefois été ramenée à 27 % du PIB (45 % en Angola).