Ce jeudi matin, sur BFM TV, chez Jean-Jacques Bourdin et avec la complicité de celui-ci, notre Karine Lacombe nationale, infectiologue des plateaux télé, s’est faite plus royaliste que le roi. Jusqu’à présent, elle était là pour justifier la politique gouvernementale, lui apporter une caution scientifique. Disons, tenter de lui apporter une caution scientifique, auprès de ceux chez qui cela peut prendre. Maintenant que le chef de l’État et le gouvernement semblent tout doucement desserrer l’étau dans lequel les Français sont pris, eh bien Karine se désolidarise : les décisions prises sont politiques et non plus assises sur une base scientifique.
« Depuis le mois de janvier, on sait que les prises de décision ne sont plus des prises de décision basées sur le scientifique, sur le fait scientifique, sur la situation sanitaire, mais des prises de décision qui sont politiques. Alors effectivement, même si on se défend de dire que c’est un pari, c’est un pari, puisque dans ce pari c’est une équation à beaucoup, beaucoup d’inconnues et avec des variables qui sont différentes dans le temps […]. »
Pour le professeur Karine, nous sommes encore loin du compte : déconfiner, c’est prendre un risque. L’infectiologue va alors énumérer tout ce qu’il faudrait faire (c’est-à-dire la même chose qu’actuellement mais sans faillir), durant encore de longs mois (l’affliction vous gagne), mais avec au bout la libération (ouf !). Acceptez les coups de bâton, vous aurez votre carotte à la fin.
« Je pense que d’ici la fin de l’année, si on est victorieux en termes de contrôle du virus avec les mesures barrière, avec la responsabilité individuelle, et qu’on a considérablement augmenté l’accès à la vaccination avec une très large partie de la population française vaccinée, oui on devrait pouvoir enlever les masques à l’extérieur, et d’ailleurs c’est déjà le cas dans certaines régions de France où le taux d’incidence est très bas. »
Et Bourdin d’enfoncer le clou : « Quand le taux d’incidence est très bas, on peut se passer de masque. Sans hésiter. On se promène en forêt, même sur la plage, pas besoin de masque. »
Quand on sait l’inutilité d’un masque chirurgical en matière de transmission virale, cela fait rire. Rire jaune, certes. Même l’inénarrable Martin Blachier l’a récemment admis : le masque en extérieur ne sert à rien ! Le professeur Raoult l’a maintes fois souligné, le masque en extérieur est une décision politique (sur laquelle il ne se prononce pas – même si en disant cela, c’est quand même ce qu’il fait). Lacombe reproche au gouvernement ses décisions politiques, mais elle est dans la même démarche. S’en rend-elle seulement compte ?
Comme lors de l’élection présidentielle de 2017, il faut faire barrage. On n’en sort pas, la politique des castors juniors est de rigueur. Faire barrage au virus. Et comme l’immunité naturelle ne peut être qu’un accident, puisqu’il faut pour cela tomber malade, même un tout petit peu, voire être un simple « cas », un malade sans symptômes – donc, on l’aura compris à force de matraquage médiatique, risquer d’engorger les hôpitaux et de submerger le personnel soignant, donc Karine, qui doit en plus assumer ses tâches ménagères puisqu’elle est une femme –, il faut donc tout miser sur la vaccination. On l’aura compris depuis maintenant un an, l’unique voie de sortie est la piquouse. C’est la raison d’être des interventions de Karine. Depuis des mois, faire peur ; dorénavant, rassurer et inciter à la vaccination.
Bourdin : « Karine Lacombe, parlons de la vaccination : 90 % de la population adulte doit être vaccinée pour qu’on puisse abandonner les gestes barrière, j’ai vu cette euh… »
Lacombe : « c’est la modélisation de l’institut Pasteur, absolument. »
Bourdin : « Alors, il faut en-cou-ra-ger cette vaccination. Comment l’encourager ? J’ai vu cette nouvelle étude, qui vient d’Israël, vous l’avez vue, sur l’efficacité du vaccin Pfizer-BioNTech à 95 % de protection. »
Lacombe : « Donc c’est vrai, maintenant, ce qui est très intéressant avec les vaccins, c’est qu’au-delà des essais thérapeutiques, avec quelques dizaines de milliers de personnes, on a maintenant des résultats de l’efficacité de ces vaccins en population générale. Effectivement, vous disiez Pfizer en Israël, mais on a également AstraZeneca en Angleterre. Beaucoup plus proche de nous, AstraZeneca en Angleterre. Eh bien les Anglais, qui sont très fortement vaccinés, sont retournés à une vie quasi normale. »
Bourdin : « Grâce à AstraZeneca. »
Lacombe : « Grâce à AstraZeneca, dont on dit le plus grand mal, parce qu’il y a eu une communication, je pense, plutôt défaillante et extrêmement anxiogène sur ses effets secondaires, graves mais extrêmement, extrêmement rares. »
On croit rêver. La répétition du mot AstraZeneca ressemble à un placement de produit, qu’il faut vendre à tout prix. Macron nous avait expliqué qu’il n’y aurait pas de retour à la vie d’avant, mais c’est quand même l’appât utiliser pour que le Français morde à l’hameçon. L’Angleterre avec AstraZeneca, Israël avec Pfizer, sont des modèles. Les gens sont heureux de reprendre leur vie d’avant et les effets secondaires et les morts ne sont rien d’autre qu’un défaut de communication…
La vaccination, oui, mais massive. On ne fait pas un barrage sur la moitié d’un fleuve. Cela signifie donc l’étendre à une fraction de la population beaucoup, beaucoup plus jeune qu’actuellement.
Lacombe : « Jusqu’à maintenant, on avait une dose assez limitée de vaccins, donc on a voulu protéger les plus fragiles d’entre nous. On sait maintenant que non seulement les vaccins préviennent les formes graves, mais également préviennent la transmission du virus. C’était des données qu’on avait pas en janvier… »
Bourdin : « Le vaccin nous préserve du virus et nous préservons, vaccinés, ceux que nous côtoyons ? »
Lacombe : « Absolument !
Faisons une petite incise. Jusqu’à présent, on nous incitait à accepter la vaccination, tout en nous expliquant que le vaccin n’empêchait ni d’attraper le virus, ni de le transmettre. Ils ont enfin compris qu’on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre. Changement de discours : le vaccin est utile et il vous délivrera.
Et Lacombe d’acquiescer à l’affirmation de Bourdin : vacciné, on ne peut l’attraper, ni le transmettre ! Normalement, il est difficile de transmettre ce que l’on ne peut avoir, mais bon… Reprenons.
Lacombe : « Ça va vraiment permettre de couper la chaîne de transmission du virus. Et donc dans ce cadre-là, il faut qu’on change de paradigme, c’est-à-dire qu’on doit pas simplement protéger les plus faibles, mais on va protéger même ceux qui sont le plus vecteur de la transmission, et en particulier les adolescents. […] Il va falloir ouvrir dès 12 ans, pour les 12-18 ans à la vaccination, et j’espère que ce sera le cas au plus tard à la rentrée et si possible cet été. »
On met en quarantaine des bien-portants, on vaccine en pleine crise épidémique, on veut vacciner ceux qui ne risquent rien de la maladie (mais déjà plus des effets secondaires), jusqu’aux plus jeunes. La porte est ouverte, la vaccination des enfants pointe le bout de son nez. Les retards dans la vaccination en France auront eu pour effet de la retarder jusqu’aux beaux jours, quand les infections respiratoires, qui sont saisonnières, reculent d’elles-mêmes. De quoi se satisfaire des bonnes décisions prises par notre bon gouvernement, qui portent visiblement leurs fruits.
Bourdin : « Est-ce que l’extension de la vaccination aux plus jeunes est une solution pour atteindre l’immunité collective ? »
Lacombe : Oh bah c’est la seule ! […] Quand on fait appel à l’altruisme de chacun – on se protège soi-même, mais on protège également les autres –, eh bien tout le monde, quand on explique bien les choses posément, peut être sensible à ces arguments-là. »
Un enfant pas trop malmené par l’Éducation nationale est capable de comprendre cela : si le vaccin est utile, le vacciné est protégé et celui qui souhaite ne pas se vacciner n’est un danger (on reste dans le postulat) que pour ceux qui ont pris la même décision que lui. Le chantage à l’altruisme est aussi malhonnête que dégueulasse. Mais il est nécessaire, car sans lui impossible de vendre massivement la vaccination.
Et cette « logique » poussée jusqu’au bout, cela nous donne une explication tellement scabreuse que Karine est tombée plus bas que terre : les vaccinés doivent encore être soumis au masque et au couvre-feu, parce que trop peu de gens sont immunisés par le vaccin ou la maladie et qu’en conséquence on ne constitue pas encore un barrage assez fort à la circulation du virus. Cela n’a aucun sens ? En effet, strictement aucun, puisqu’elle nous a précédemment expliqué que désormais le vaccin protégeait du virus et stoppait la transmission du virus. Mais si vous avez bon cœur, vous aiderez un vacciné en vous vaccinant aussi.
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