Le 1er août a lieu la fête nationale suisse, en célébration d’un pacte conclu entre les trois cantons originels il y a plus de 700 ans.
Illustration ci-contre : Le Serment du Grütli de Johann Heinrich Füssli (1779-1781)
Le Pacte fédéral du 1er août 1291
Le Pacte fédéral d’août 1291 est considéré comme le plus ancien texte constitutionnel suisse. Par ce pacte, les communautés des vallées d’Uri, de Schwyz et de Nidwald, situées au cœur de la Suisse, se sont juré un soutien mutuel contre toute personne extérieure susceptible de les attaquer ou de leur causer du tort. Le texte prévoit également le maintien des liens de féodalité et l’impossibilité pour un étranger de prétendre à la fonction de juge.
Il définit en outre des éléments de procédures pénale et civile, ainsi que des pratiques d’arbitrage entre vallées.
Le Pacte fédéral n’est considéré officiellement comme acte fondateur de la Confédération suisse que depuis la fin du XIX e siècle. Cette reconsidération est en grande partie due au Conseil fédéral, qui s’est appuyé sur ce document pour organiser une fête de jubilé en 1891, puis pour déclarer le 1er août fête nationale à partir de 1899.
Ce choix était motivé par la conviction que l’État fédéral démocratique de 1848 s’inscrivait dans la continuité de l’ancienne confédération, antérieure à 1798, dont le berceau était situé au cœur des Alpes. L’origine de la confédération suisse est également associée au légendaire serment du Grütli prononcé par des hommes libres au bord du lac d’Uri. À noter que, en Suisse, les enfants continuent d’apprendre ces récits fondateurs à l’école.
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Les Trois Suisses
Selon la légende, les Trois Suisses sont les représentants des cantons primitifs qui prêtèrent serment sur la prairie du Grütli en 1291 ou en 1307, faisant d’eux les fondateurs de la Confédération (Mythes fondateurs). On distingue deux manières de les présenter, l’une soulignant leur hétérogénéité, l’autre leurs similitudes ou leur égalité.
La première fait apparaître la diversité dans l’unité ; ainsi, la forme ancienne de la légende des Trois Suisses, qui perdura jusqu’à l’époque moderne, décrit des personnages typiques et intemporels, emblématiques de chacun des trois cantons. C’est Aegidius Tschudi, au plus tard, qui leur donna une identité historicisante (Werner Stauffacher, de Schwytz, Walter Fürst, d’Uri et Arnold von Melchtal, d’Unterwald). Ces trois figures incarnent en outre des types idéaux de générations ou d’âges différents.
La seconde met l’accent sur l’égalité ; les Trois Suisses se rapprochent alors des Trois Tell ou des représentations iconographiques des ermites, du type de Nicolas de Flue. Une distinction doit néanmoins être faite entre les niveaux symbolique et historiciste. D’une part, il y a les trois « premiers » Confédérés, sans contexte précis, qui, selon la légende, font seuls un premier serment. D’autre part, on peut considérer les trois chefs réunis pour le deuxième serment, accompagnés de leur suite, comme les représentants de l’ensemble du peuple. Si Guillaume Tell incarne le type du solitaire décidé à rendre justice lui-même, les Trois Suisses personnifient l’action conjointe d’une communauté qui, par une sorte de contrat social, fonde un nouveau droit aux limites de l’ordre juridique en vigueur.
Au milieu du XVIe s., une tradition iconographique des Trois Suisses, dont la popularité n’atteignit cependant jamais celle de la figure de Guillaume Tell, vint compléter les légendes orales et écrites. L’œuvre la plus célèbre demeure le tableau du Serment du Grütli de Johann Heinrich Füssli (1779-1781). En 1865, une fontaine fut inaugurée au Grütli ; elle est alimentée par les trois sources qui apparaissent également dans les représentations du serment au XIXe s. Même si le monument national, proposé en 1866 et 1871 par Robert Durrer, ne fut jamais réalisé à Berne, les Trois Suisses ont leur statue dans le Palais fédéral, exécutée par James Vibert (1914).
A la fin du XIXe s., le mouvement ouvrier se servit du thème pour incarner, non plus la solidarité entre les cantons, mais celle, sans distinction de catégories, entre les paysans, les ouvriers et les employés. Sur une carte postale du premier mai de 1908, un des Trois Suisses a même pris les traits d’une femme. Dans la caricature, le motif a surtout servi à représenter une conspiration effrontée et entêtée.
Source : hls-dhs-dss.ch