Merde, Jour 13 ! Mais on ne peut pas se dérober, un contrat c’est un contrat. Donc on assure, dimanche ou pas dimanche, 13 ou pas 13. Et puis on n’est pas superstitieux, ah ah ah !, c’est pour les faibles d’esprit !
Sortie quotidienne, avec deux attestations d’une heure chacune, une allant de 15h30 à 16h30, l’autre de 16h30 à 17h30 mais dans l’autre poche, ne pas se gourer de poche en cas de contrôle sinon amende de 200 euros, c’est le Premier menteur qui l’a dit. Et 200 balles, aujourd’hui, surtout pour les pauvres que nous sommes, c’est une somme. On peut faire plein de choses avec 200 euros, plutôt que de les refiler à la maréchaussée (un menu de base chez Bocuse par exemple, c’est 170 euros), mais méfiez-vous quand même des margoulins, il y a de faux flics avec brassards qui encaissent des prunes pour les sortants (les déconfinés sans raison valable), et qui les accompagnent jusqu’au distributeur le plus proche !
Ah, ces Gitans, ils ont de ces idées. Quoi ? On a dit Gitans ? merde, c’est sorti tout seul, franchement on voulait pas faire d’amalgame, même si on sait que c’est leur spécialité, l’usurpation d’identité, de fonction officielle. Ce sont eux qui entrent dans les maisons, chez les anciens, et qui leur dérobent économies et bijoux en se faisant passer pour des flics qui vérifient si justement il n’y a pas eu de passage avant, et bien sûr ils envoient toujours un mec un peu louche avant, le truc est bien ficelé. Rien que pour ça, on aimerait se déguiser en petite vieille et en choper un, pour l’exemple. Le pire c’est que ces escrocs ont des villas magnifiques en Île-de-France, qui constituent de vrais petits villages, un entre-soi d’escrocs qui ne font jamais ou rarement de la taule, car c’est sans violence... apparente. On ravale donc notre escrophobie et on passe au thème du jour : l’armée.
Quoi, l’armée ?
Eh bien voilà, vous nous arrêtez si on délire, mais on devine qu’il se passe quelque chose, en haut lieu et bas lieu. On a remarqué, lors de nos sorties interdites par le pwésident, des sorties à 200 euros, des sorties pour riches, qu’il y avait peu de flics et peu de gendarmes dans les rues. Cela est peut-être dû, on a pensé, au fait qu’ils ont pas mal dérouillé dans les deux sens du terme depuis le 17 novembre 2018, date à laquelle des Français intrépides se sont lancés à l’assaut de l’injustice néolibérale.
Les flics, les CRS, la Bac, moins les gendarmes mais aussi les gendarmes, ont participé à la grande répression sur ordre du politique, histoire de faire rentrer le Gaulois récalcitrant dans sa coquille. Cela a été dur, des deux côtés, mais c’est ce virus à la con qui a fini par avoir le dernier mot. Les flics sont donc, globalement, fatigués, ils pansent leurs blessures, lèchent leurs plaies, comptent leurs primes, pour ceux qui en ont touchées. Ils ne semblent pas très motivés par l’ordre supérieur de surtaxer les Français déjà plongés dans la crise, on sent comme une petite grève du zèle, qui rappelle d’ailleurs la période juste avant l’élection de leur idole Nicolas Sarkozy en 2006-2007, quand ils ont laissé sciemment – pas tous, mais une bonne partie – l’insécurité gagner le cœur des villes... la montée du sentiment anti-racailles, c’était du bon bulletin de vote pour Sarko. Mais passons.
Aujourd’hui, les flics se reposent, ils ont gagné leurs six semaines de congés payés grâce à 18 mois de répression, et la France, on dit ça comme ça, n’est pas en rupture de stocks de LBD et autres grenades de désencerclement, pour reprendre l’euphémisme officiel. On fabrique de la grenade pour les tabassants, mais pas de masques pour les soignants...
Tout ceci pour dire qu’on a vu plus de militaires dans les rues que de flics, et des militaires qui ne se baladaient pas à quatre en tirant la gueule dans leur Renault Kangoo Vigipirate pas très Jason Statham, mais dans des super jeeps à la limite du hummer, presque celui de Booba, la couleur jaune – et l’ultralibéralisme américain – en moins.
On dirait que l’armée (re)prend en charge l’ordre public, et si c’est le cas, c’est que ça vient d’en haut, du chef d’état-major ou du ministre des Armées. Mais Florence Parly comptant pour du beurre, comme ce pauvre Le Drian, ça ne peut venir que de la hiérarchie militaire. Selon Faits & Documents, toujours dans les petits secrets de la République, le Macron, en pleine déroute, aurait perçu les appels à la raison des militaires et parallèlement de la France d’en bas. Un retour à l’ordre et au renforcement de l’État est peut-être à l’ordre du jour ; il risque donc d’y avoir du changement le Jour d’après. Le Président a tellement perdu dans la bataille contre le virus, avec tous ses changements de stratégie, des menaces aux Français, ses discours sans queue ni tête, ses délits d’initiés (à lui ou au couple Buzyn-Lévy, mais c’est pareil), que son autorité vacille. Et en politique, une autorité qui disparaît est très vite remplacée. La politique a horreur de la chaise vide. Quand un chef ne fait plus l’affaire, un autre chef se pointe ou est déjà prêt. Alors si c’est pas un de nos généraux étoilés, puisqu’il faut quand même une représentation politique en République, qui ça peut être ?
On songe à Marine Le Pen, c’est la première logique qui nous vient à l’esprit, surtout si elle lâche le RN pour aller vers la droite et que la droite dure lâche la droite molle pour aller vers elle. C’est possible, et on ne voit pas qui d’autre actuellement. Sinon un coup d’État à la de Gaulle en 1958, avec tout le monde d’accord pour lui refiler les clés du camion... cabossé. Et là, on rejoint – c’est pas notre choix, mais c’est une possibilité grandissante – le plan anti-cités islamisées des généraux qui ont préparé l’opération Ronces chère à Zemmour.
« Pour l’instant on confine l’armée dans un rôle scandaleux de gardiennage... » (8 septembre 2016)
Pardon ? Les cités sont à l’origine du virus ?
Non, mais elles bénéficient d’une tolérance étonnante pendant le confinement dur auquel les Français sont astreints. Cette tolérance pourrait donc se retourner contre les racailles, et le virus offrir l’occasion d’envoyer l’armée remettre de l’ordre dans les cités rebelles, là où les flics (paralysés par l’antiracisme) et la justice (franc-maçonnisée) ont échoué. Tout ceci restaurerait l’autorité de l’État, car on ne peut pas confiner ici et déconfiner là, et Macron garderait son trône s’il se couchait devant cette politique qui ne ratonnerait plus les Français mais les racailles, et on fait bien la différence. Les bruits de couloir de l’Élysée couplés à la présence de plus en plus martiale dans les rues, tout ça sent le coup d’État militaire soft, on se souvient des chars de Boumédiene qui étaient là, un matin de 1965 (le 19 juin), aux carrefours stratégiques de la grande ville d’Alger...
On écoute le jeune Bouteflika, déjà bien langue de bois et promis à un grand avenir :
« C’est dire aussi que le terme “putsch” est un terme tout à fait impropre »
Si vous ne voulez pas aller sur le site qui n’est pas foutu de générer un code utilisable avec un visuel correct, écoutez ça :
Allez les Français, courage, demain on attaque le 14e jour, et on a trouvé une idée originale pour tenir : on n’a qu’à se dire, comme des mômes, que la fin du confinement sera aussi la celle du néolibéralisme antifrançais du couple Macron-Philippe. Et là, ça change tout ! Mais du coup, avec le vice qu’on leur connaît, ils sont capables de nous le prolonger...