Quand un populiste se présente à une élection, ou annonce sa candidature, il y a deux effets directs : un, les médias se jettent dessus, tant le jeu politique mainstream est usé ; et deux, les candidats classiques font leurs calculs. Combien cet emmerdeur va-t-il nous prendre de voix ?
C’est ce qui pend au nez des deux populistes timides Marine et Mélenchon, qui n’ont pas été capables de suivre la seule ligne viable pour aujourd’hui et pour demain, et surtout pour sauver notre pays des griffes néolibérales sionistes : la ligne Soral. Et on affirme ça par intelligence politique, pas pour faire avancer notre petite boutique, sachant en plus qu’on ne profitera pas de la résurgence populiste actuellement à l’œuvre dans notre pays. C’est souvent le cas des précurseurs, des défricheurs ou des moissonneurs : ce sont d’autres qui viennent récupérer les bénéfices du travail de fond.
Ainsi, un humoriste, il y a peu encore, boycotté par les grands médias, ou considéré comme un beauf sans intérêt (voir la triplette de la gauche culturelle déficitaire mais donneuse de leçons TéLibéraMonde), incarne soudain la tendance populiste montante. Il récupère en cela les deux ans ou presque de travail – ingrat lui aussi – des Gilets jaunes qui se sont sacrifiés pour une cause qui les dépasse encore, ou qu’ils n’ont pas nettement identifiée, et encore moins atteinte.
Bigard n’a aucune chance d’être président de la République, mais il peut intéresser Macron, qui est intelligent et calculateur : il sait que Bigard peut rafler des voix chez Marine et Mélenchon, et c’est ça qui l’intéresse, et qui est à l’origine de sa relation téléphonique avec l’humoriste. Bigard croit que c’est parce qu’il représente le peuple, alors que Macron fait du big data stupéfiant dans sa tête.
« Et comme il a un petit peu de mal à s’adresser directement au peuple, il s’adresse à moi. Et par moi, en fait, il s’adresse au peuple, puisque il sait que la première vidéo que j’ai faite au Président a fait 8 millions de vues, c’est énormissime ; donc quand un mec pèse 8 millions de personnes ben, qu’il représente le peuple, et je dirais plutôt un peu le peuple en colère, eh ben on l’appelle, et c’est ce qui s’est passé. »
Bigard, un danger pour l'Élysée ? pic.twitter.com/cubkaaf0J3
— BFMTV (@BFMTV) May 29, 2020
Au début, on ne prend jamais les humoristes au sérieux, mais quand ils deviennent populaires, le pouvoir les surveille, et parfois les punit (Coluche 1986, Dieudonné 2014). Depuis la vidéo à 8 millions de vues, dont Bigard se vante, et il y a de quoi, les télés commencent à préparer des contre-feux. Le dernier en date a eu lieu sur le plateau de BFM TV, la chaîne israélienne en français.
Lynda Dematteo (EHESS, c’est dire...), ce croisement étrange entre une chouette qui aurait vu le Diable (à poil dans les fourrés) et une Caroline Fourest fraîchement larguée par sa Femen, s’attaque au phénomène Bigard, alors que le niveau du débat politique dans les médias mainstream ne vaut pas une vanne de cul de ce même Bigard :
« Et qu’un personnage comme Jean-Marie Bigard puisse prétendre aujourd’hui à être candidat aux élections présidentielles en France, c’est quand même très inquiétant »
« Là, on est au niveau du slip kangourou, quand même, avec Jean-Marie Bigard. Et Jean-Marie Bigard, il faut quand même rappeler qu’il est l’héritier de toute une généalogie du comique de stand-up en France qui est la figure du beauf qui a toute une histoire en fait. Le premier à en parler, c’est François Cavanna qui explique que le beauf, c’est le pastis, la pétanque et la connerie morne ! »
« C’est aussi le beauf de Camus, euh, de Cabu bien sûr »
C’était la cultureuse de gauche de service qui a deux guerres de retard. Les Français, gavés par des décennies de mensonges et d’arnaques de la fausse démocratie, voyant les mêmes rester au pouvoir en jouant aux chaises musicales, sont capables de voter pour un Beppe Grillo ou un Umberto Bossi à la française, si c’est juste pour « faire chier », selon l’expression de Bigard.
Cependant, on devine avec le retour de Bigard, repêché par un président qui sait ce qu’il fait, qu’il s’agit, plus que d’un phénomène naturel, d’un laisser-passer présidentiel à un populisme de pacotille, une énième tromperie politique dans le but de laisser le vrai populisme, celui d’un Gérard Nicoud, par exemple, ou d’un Coluche version finale, dans les marges. Sans parler de Soral ou Dieudonné.
Vrai et faux populisme
Le populisme qui s’en prend au pouvoir visible, ça passe (même si ça énerve les gauchistes, ces gardiens du temple de Salomon) ; le populisme qui vise le pouvoir profond, pas question. Celui-là, les médias n’ont absolument pas le droit d’en parler (les journalistes risquent tout simplement leur poste), sinon en mal, et on sait ce qu’on dit.
Mais le populisme, cette relation directe entre un dirigeant et son peuple, ou entre le peuple et le représentant de son choix – et pas celui des réseaux occultes de pouvoir – n’est pas une fin en soi. C’est une première étape vers une dictature éclairée, la seule qui peut sauver notre pays. Un projet réalisable puisque les Russes, les Chinois et les Américains sont entrés à leur façon dans cette nouvelle ère.
Le populisme, c’est d’abord du dégagisme, mais pas un dégagisme de surface à la Mélenchon, qui ne touchera jamais au CRIF ni au Grand Orient : le nettoyage au cœur de l’État de toutes les couches parasitaires interconnectées qui paralysent notre pays, sa décision et sa direction. Pire, qui l’affaiblit, le rabaisse, le fait mourir à petit feu.
Après l’opposition contrôlée, voici maintenant le populisme contrôlé. Chaque avancée de la liberté d’expression et de la lucidité politique sur l’Internet donne lieu à une ingénierie sociale de neutralisation ou de diversion de la part des agents du pouvoir profond, preuve que le rapport des forces antagonistes existe, et qu’il est là, sous nos yeux, sous vos yeux, comme un débat, un combat.