Jacques de Larosière, peu connu du public français, était l’invité du 23 Heures de France Info le 13 janvier 2021. Il est question des Français qui ne travaillent pas assez et de l’administration qui étouffe le pays. Voici l’argument massue de ce hiérarque forcément néolibéral issu des instances financières mondialistes :
« On vit plus longtemps et en bonne santé et il faut demander à ces personnes de travailler jusqu’à 65 ans, sinon le poids de l’équilibre des retraites tombe sur les jeunes, ce qui est antisocial. »
Pour Larosière, la France souffre de deux pôles de sous-compétitivité : la retraite et l’administration. Chaque entité nous fait « perdre » 4 points de PIB. Traduction : il faut reculer l’âge de la retraire d’au moins cinq ans et virer des divisions entières de fonctionnaires.
Il faudra expliquer à ce forcené que les services publics, s’ils doivent évidemment être bien gérés, ne sont pas là pour faire du bénéfice comme une entreprise privée ou de l’usure comme ses amis de la Banque (mondiale ou pas) : les services publics sont là pour rendre un service égal à tous les Français, et un service financé par l’impôt. Ce modèle social hérité du CNR en 1945 énerve prodigieusement les tenants d’une administration de la France à l’américaine ou à l’anglo-saxonne.
Jacques de Larosière de Champfeu, né le 12 novembre 1929 à Paris, est un banquier et haut fonctionnaire français. Il a été notamment Directeur du Trésor (1974-1978), directeur général du Fonds monétaire international (1978–1987), gouverneur de la Banque de France (1987–1993) et président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (1993-1998) [où il a succédé à Jacques Attali, NDLR]. (Wikipédia)
Ce que ne dit pas le vieux schnock c’est que l’administration (ou l’État), qui selon lui nous pénalise, fait travailler beaucoup de grandes entreprises privées tenues par ses copains de l’oligarchie, et sans l’État français, ceux-ci seraient moins riches. Car le sport national français, ce n’est pas la gabegie administrative (même si elle existe), c’est la pénétration au cœur de l’État d’intérêts privés qui jouent contre l’intérêt général et le pillage du trésor public par les multinationales et les banques, sans oublier l’occupation, on a bien écrit l’occupation, des postes juteux et stratégiques par les agents des réseaux de pouvoir occultes.
On remarquera, une fois encore, la complaisance de l’intervieweuse de service public (qui est censée nous représenter), portée aux nues par la presse mainstream parce qu’elle représentait une victoire de l’antiracisme, un conte de fées antiracistes. Mais on ne demande pas à un journaliste d’être blanc ou noir, on lui demande simplement d’être pugnace face aux détenteurs d’une parole qui s’exerce contre les Français.
Idem dans la sphère privée : on voit Bourdin qui parle fort et qui montre les crocs, mais il ne mord jamais devant les puissants. Le ton est martial, l’effet nul. Patricia accompagne les paroles du maître, il faut attendre 3 minutes 15 pour qu’elle ose remettre très légèrement en cause ses salades. D’ailleurs, lui s’en fout et botte en touche. Il est là pour dérouler le dépliant publicitaire du Nouvel Ordre mondial incarné par le FMI, pas pour répondre à une subalterne des médias timides.
« Il faut commencer par 65 ans, qui est si vous voulez le niveau atteint par la plupart de nos voisins, mais ils vont sur 67 ans...Mais je pense que 65 ans ne sera pas suffisant... Donc je dis il faut réparer cette histoire de 62 ans et aller à 65. »
Pour info, les Français partent à la retraite en moyenne à 62 ans. Personne ne tique en plateau, sauf l’assesseur de Patricia. La présentatrice, elle, ne relève pas les absurdités du néolibéral contre le système social français. Si c’était sur TF1 ou M6, on ne pourrait rien dire, mais sur le service public ? Qui appartient à la sphère publique en plus ! Heureusement, le chauve sauve l’honneur à 4’31 en demandant au vieux schnock où dégager les « 200 000 fonctionnaires en trop » : chez les pompiers ? Les infirmières ? Les militaires ? Quand Larosière sera sur son lit d’hôpital, parce qu’on y passera tous, il sera bien content de voir du personnel autour de lui.
Là où on donne raison à Larosière, c’est quand il dit, dans son livre Cinquante ans de crises financières, qu’on ne laisse aux générations futures que le choix entre payer une dette trop lourde ou la renier. Renier la dette, c’est ce qui permet à un pays à genoux de se relever. Et c’est ce dont le ministre de l’Économie ne veut pas.
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