Plusieurs écrivains bannis à la Libération vont revenir sur les étals des libraires. Après la sulfureuse correspondance Chardonne-Morand, attendue depuis treize ans, ce sera au tour des Décombres, le best-seller de l’Occupation signé Lucien Rebatet [photo]. Pas simple d’éditer ou de rééditer ces réprouvés à la plume brillante mais trempée dans l’antisémitisme. Enquête.
À vrai dire, on avait fini par ne plus y croire. On ne verrait sans doute jamais ce monument littéraire. Voilà en effet treize ans que l’on aurait dû avoir en main la sulfureuse correspondance entre Chardonne et Morand. Les deux bannis de la Libération – le premier avait participé aux voyages des écrivains français dans le Reich, en 1941 et 1942, le second était ambassadeur de Vichy à Bucarest – avaient déposé leurs quelque 3 000 (!) lettres échangées entre 1949 et 1968 dans le secret d’une bibliothèque suisse, avec consigne de les publier en l’an 2000, soit bien après leur mort (Chardonne disparaît en 1968, Morand, en 1976). Mais, depuis, rien.
Gallimard, éditeur désigné pour cette tâche, aurait-il été effrayé par les horreurs antisémites et homophobes lancées par les deux « tontons flingueurs » ? Les féroces indiscrétions au sujet de nombre de notables des lettres parisiennes, dont certains sont toujours vivants, seraient-elles trop embarrassantes ? Selon nos informations, initialement prévu pour avril, le premier volume de la mythique correspondance Chardonne-Morand – il y en aura trois en tout – sortira à l’automne 2013 sous la célèbre couverture blanche. Il couvrira la période 1949-1960, soit 1 022 lettres, parmi lesquelles 800 ont été retenues, pour éviter les redites. Enfin !
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