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Attali fait dans la prophétie auto-réalisatrice.
A force de constater le monde en format ’1984’ sans en dénoncer les causes réelles, à savoir les élites dont il fait partie et leur idéologie ultra-libérale (au sens philosophique-dédicace à Alain), il favorise son développement (d’ailleurs il pourrait laisser quelques posts le Alain, j’imagine qu’il a souvent mieux à foutre, mais quand même, je trouverai ça sympa, même quelques lignes, histoire de :).
Et les bien-pensants, demeurés ou corrompus, nous laissent à penser qu’Attali est un grand homme puisqu’il dénonce les conséquences mortifères du système. C’est ce double langage qui permet de créer suffisamment de confusion pour que l’on croit que le système est combattu par Attali, puisqu’il a, lui, l’oreille des puissants. Sauf que le système ne comporte pas d’agent anti-système en son sein.
Si les peuples mettaient en place un gouvernement mondial, sûr qu’Attali deviendrait un vrai opposant ... Mais pour collaborer avec Mitterrand ou Sarkozy, là, pas de problème.
Ses propos sur l’euthanasie sont à mon sens les plus révélateurs de ce double langage. Bien sûr qu’il ne fait pas l’apologie de l’euthanasie, seulement il dit qu’on y arrivera, car le système va dans ce sens... Et il ne s’agit pas là d’euthanasie au cas par cas pour des personnes qui souffrent à en mourir(sic) mais bien d’euthanasie de masse pour tous les éléments non productifs de la société. Cependant - hommage à HesselD - il en oublie carrément de s’en indigner. Car lorsqu’on s’indigne(vraiment), on recherche activement les CAUSES de son indignation pour les faire cesser. Attali est un pion machiavélique du système, il n’en est que plus redoutable car il nous connait si bien :
« Il ne faut pas que l’on m’impute à présomption, moi un homme de basse condition, d’oser donner des règles de conduite à ceux qui gouvernent. Mais comme ceux qui ont à considérer des montagnes se placent dans la plaine, et sur des lieux élevés lorsqu’ils veulent considérer une plaine, de même, je pense qu’il faut être prince pour bien connaître la nature et le caractère du peuple, et être du peuple pour bien connaître les princes. »
— Nicolas Machiavel