Le président irakien, Jalal Talabani, a indiqué mercredi qu’il ne signerait jamais l’ordre d’exécution de Tarek Aziz, l’ancien vice-Premier ministre de Saddam Hussein, condamné à mort le 26 octobre par la Haute cour pénale irakienne.
"Non, je ne signerai pas un ordre de ce genre parce que je suis socialiste. Je compatis avec Tarek Aziz, car c’est un chrétien irakien ; et c’est en outre une personne âgée qui a plus de 70 ans. C’est pourquoi je ne signerai jamais cet ordre d’exécution", a déclaré le président d’origine kurde à la chaîne de télévision France 24.
Compagnon de la première heure de Saddam Hussein, Tarek Aziz a été condamné pour "crimes contre l’humanité" au moment de la répression des chiites dans les années 1980.
Agé de 74 ans, de santé fragile, il est emprisonné depuis sa reddition fin avril 2003, un mois après l’invasion américaine de l’Irak.
Unique chrétien parmi les proches de l’ex-président, Tarek Aziz, qui a été ministre de l’Information, vice-Premier ministre et chef de la diplomatie, avait été pendant 20 ans la voix d’un régime d’abord soutenu par l’Occident puis cloué au pilori.
La ratification des condamnations à mort prononcées par les tribunaux compétents est une des prérogatives du chef de l’Etat en Irak, prévue par l’article 73 de la Constitution. Le refus de signer cet ordre par Talabani, qui a été réélu jeudi président, devrait donc permettre à Aziz d’échapper à la peine capitale.
Lors de son premier mandat, son opposition aux exécutions a maintes fois été contournée par le fait qu’il était flanqué de deux vice-présidents -l’un chiite, l’autre sunnite- qui ratifiaient les ordres à sa place.
Mais ce conseil présidentiel, dont l’existence n’est pas stipulée par la Constitution, n’a pas été reconduit après la réélection de Talabani.
Tarek Aziz a été condamné à mort en même temps que deux autres piliers du régime de Saddam Hussein, l’ancien ministre de l’Intérieur Saadoun Shaker et l’ancien secrétaire du dictateur, Abed Hmoud.
"La page des exécutions (...) doit être tournée, sauf concernant les crimes perpétrés dans la cathédrale du Notre-Dame du Perpétuel secours et les crimes contre les pèlerins chiites et les lieux saints", a ajouté Talabani.
Le 31 octobre, 44 fidèles et deux prêtres ont été tués dans un attentat commis en pleine messe par un commando d’Al-Qaïda dans la cathédrale syriaque catholique de Bagdad.
Des attentats prennent aussi régulièrement pour cibles les pèlerinages sur les lieux saints chiites de Najaf et Karbala, au sud de Bagdad.
Talabani a encore souligné que l’Irak "a besoin d’une politique de clémence, de pardon et de réconciliation nationale". Par ailleurs, il a affirmé que les crimes à l’égard des chrétiens étaient "condamnés par tous les Irakiens" et que le nouveau gouvernement lutterait pour que les "bandes" d’Al-Qaïda puissent être "éradiquées l’année prochaine".