C’est à mon avis une faute de goût que d’envisager une psychologie aux foules.
En effet, une foule n’est pas de la nature d’une personne, mais de la nature d’une collectivité de personnes. Si il y a bien des caractéristiques propres aux foules, celles-ci ne sont pas de nature personnelle, mais d’abord de nature collective puis de genre personnel.
Une foule est une collectivité où les gens n’ont pas le temps de s’accorder par le verbe raisonné, selon l’intelligence des choses, mais qui s’accordent par le verbe imité, selon des simulacres.
Dans la foule, chacun est soumis intensément aux apparences, ce qui pousse à des comportements mimétiques.
Dans la foule, l’angoisse de paraître est mené à son paroxysme pour le quidam.
La forme du paraître y prime donc sur toute autre considération et son spectacle mène à sa suite toute la cohorte des imitateurs.
Par conséquent, dans une foule, celui qui ne craint pas de paraître, celui sans complexe, est un meneur. Pour contrôler une foule, il suffit donc de contrôler ses meneurs.
Vous comprendrez donc que tout ceux qui peuvent mener une foule, par la puissance spectaculaire de leur paraître, mais dans un sens non conforme à la volonté d’un pouvoir, deviennent les cibles prioritaires de ce pouvoir.
On contrôle les foules par le spectacle.
On contrôle le spectacle par les acteurs.
On contrôle les acteurs par les auteurs.
On contrôle les auteurs par les producteurs.
On contrôle les producteurs par l’argent.
Bref, on contrôle les foules par l’argent, du moins tant que n’émerge pas d’acteurs-auteurs-producteurs indépendants financièrement...
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