Le président de Debout la République refuse le « pansement bleu » de l’UMP comme le « pansement rose » des socialistes.
Candidat à la présidentielle de 2012, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République et député (non inscrit) de l’Essonne, sera demain à Athènes pour soutenir la grève générale contre le plan de rigueur adopté par la Grèce.
En 2007, il n’avait pu aller au bout de sa candidature faute d’avoir obtenu les 500 parrainages. Il vient de publier L’Arnaque du siècle, l’euro, les banquiers et la mondialisation (Éditions du Rocher, 13 €).
LE FIGARO. - Pourquoi manifester aux côtés des Grecs ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN. - Parce que le plan dit « d’aide » européen est en train de tuer l’économie grecque, qui ne pourra pas rembourser sa dette et va donc ruiner les contribuables européens : 17 milliards pour les Français, soit le gain de la réforme des retraites. Et la fuite en avant continue puisque l’Union européenne veut encore ajouter 60 milliards aux 100 milliards d’aide de mai dernier. Le seul objectif, retarder l’inévitable sortie de l’euro de la Grèce et la restructuration de la dette pour permettre aux banques de récupérer une partie de leur mise en la transférant sur les contribuables.
La dette grecque sera les nouveaux emprunts russes ! (Au début du XXe siècle, un million et demi de Français avaient investi dans des emprunts lancés par la toute jeune Union soviétique, mais ils n’ont jamais été remboursés, NDLR). Les dirigeants européens font penser aux médecins de Molière qui imposaient à des malades épuisés de nouvelles saignées. La vraie folie, c’est de continuer cette politique au service des banques et contre les peuples. Être raisonnable, c’est au contraire préparer dans le calme la sortie de l’euro de la Grèce, seul moyen de relancer la croissance et l’emploi dans ce pays exsangue et révolté.
N’êtes-vous pas manichéen ?
Regardez comment les peuples d’Europe se parlent par presse interposée : « Ils n’ont qu’à vendre leurs îles ! » lancent les Allemands en parlant des Grecs. « Faut-il obéir au IVe Reich ? » répondent les Grecs… Quel gâchis ! L’euro, censé consacrer l’union, n’a fait qu’exacerber les différences, intensifier les exaspérations. L’Europe supranationale s’effondre devant nous. Seule une Europe respectueuse des démocraties peut réussir.
Quels enseignements tirez-vous de votre précampagne présidentielle, commencée voilà six mois ?
La colère des Français est là, sourde et froide. Notre pays épuisé par l’euro trop cher, les charges trop lourdes et le libre-échange déloyal, est en train de perdre ses forces économiques alors que ce n’est pas une fatalité. Le PS propose un pansement rose, l’UMP un pansement bleu. C’est une fausse alternance. Les Français ont très bien compris que le pouvoir n’avait plus le pouvoir et faisait semblant d’agir.
Moi, je propose un antibiotique en faveur de l’économie réelle pour relancer notre compétitivité, seul moyen de conserver notre niveau de vie. Mais pour cela, bien sûr, la France doit retrouver sa capacité d’agir, sa souveraineté. Si l’on veut relocaliser l’emploi, il faut sortir de l’euro, favoriser l’investissement productif, libérer les initiatives. C’est le sens de ma candidature, ramener la droite à la raison. Remettre le pouvoir, confisqué par une caste mondialiste, au service des Français.
Marine Le Pen a été créditée de plus de 20% d’intentions de vote par certains instituts de sondage : n’est-ce pas décourageant pour vous ?
Si l’on ramène ce chiffre à son exposition médiatique, je réalise un bien meilleur score qu’elle ! Marine Le Pen reprend certains des thèmes que je défends, mais elle reste prisonnière d’un parti qui divise les Français. Notre pays ne se redressera que par le rassemblement des Français derrière le drapeau, l’effort et les valeurs de la République.