Cela aura été une des polémiques de cet été : la Cour des Comptes a publié un rapport au vitriol sur les forces de sécurité publique, dénonçant vertement la politique du gouvernement. Elle critique les manipulations des statistiques ainsi que la politique menée sur le terrain.
Un bilan en trompe-l’œil
Nicolas Sarkozy a réussi à se faire élire en 2007 en partie grâce au bilan qu’il a vendu de son action au ministère de l’intérieur. L’ancien ministre avait réussi à vendre son agitation législative et communicante en affichant fièrement une baisse globale de la délinquance de 9% de 2001 à 2006, cassant la progression enregistrée alors que Lionel Jospin était premier ministre. Mais cette version des faits ne résistait pas à une analyse des chiffres même du ministère.
En effet, en mars 2007 j’avais étudié les chiffres avancés par la place Beauvau et j’avais constaté que si le chiffre global baissait, c’était notamment parce que les vols de voiture ou les cambriolages baissaient (du fait de la plus grande sophistication des équipements) alors qu’en revanche, les violences aux personnes avaient continué leur progression. Les coups et blessures non liés à un homicide s’étaient alors envolés de 41% (de 116 à 164 mille) sur la même période.
C’est exactement ce qui continue depuis 2007 : le chiffre global de la délinquance poursuit sa baisse régulière, dans un mouvement dont la maîtrise semble bien suspecte, et les violences aux personnes continuent de progresser. Il y a eu une progression de 18% des coups et blessures de 2006 à 2009 pour un total de 193 mille, soit une progression de 70% en huit ans. Bref, paradoxalement, nous étions beaucoup plus sûrs quand le PS était aux affaires…
Un gouvernement inefficace
Claude Guéant a beau monter sur ses grands chevaux, le bilan de Nicolas Sarkozy sur cette question est catastrophique. Le chiffre des violences aux personnes est doublement significatif. Tout d’abord, il rassemble les actes qui contribuent le plus au sentiment d’insécurité, des actes plus traumatisants. D’ailleurs, de manière inquiétante, le chiffre des violences non crapuleuses (violences gratuites) s’est envolé, passant de 155 à 240 mille de 2002 à 2008.
Mais surtout, ce sont des actes où il est beaucoup plus difficile de trafiquer les statistiques. Le rapport de la Cour des Comptes estime "que les statistiques départementales présentent parfois une grande instabilité, qui peut faire douter de leur fiabilité", rejoignant les dires du criminologue Alain Bauer pour qui « le dispositif statistique national a été le plus souvent utilisé, depuis 1945, pour ne pas dénombrer la réalité mais pour la mettre en scène ».
La cour des Comptes questionne également la pertinence de la politique suivie, critiquant la faible présence des policiers sur le terrain, leur mauvaise répartition et le manque d’efficacité de la vidéo surveillance. On pourrait ajouter, comme le fait Nicolas Dupont Aignan dans un communiqué de presse publié sur le site de Debout la République que la baisse des effectifs est absolument anormale étant donné la montée permanente des violences aux personnes.
Merci à la Cour des Comptes de dénoncer officiellement les tricheries du gouvernement et sa mauvaise politique en matière d’ordre public. Cela fait maintenant environ neuf ans que Nicolas Sarkozy est en charge de notre sécurité et l’agitation ne saurait camoufler un bilan calamiteux.