Le chef de la diplomatie allemande a qualifié lundi d’« inacceptables », et évoquant le IIIème Reich, des propos d’un responsable de la droite nationaliste AfD, qui a appelé à se « débarrasser » en Anatolie d’une responsable gouvernementale d’origine turque.
Cette sortie d’Alexander Gauland, un des deux chefs de file du mouvement anti-immigration et anti-islam en vue des élections législatives allemandes du 24 septembre, « rappelle partout dans le monde les pires souvenirs laissés par notre pays » dans l’histoire, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, cité par un de ses porte-parole, Rainer Breul.
« Il s’agit de dérapages verbaux très graves, qui ne passent pas inaperçus au plan international et sont pour nous autres démocrates inacceptables », a-t-il ajouté.
Lors d’une réunion de campagne au cours du week-end à Eichsfeld en Thuringe (est), où l’AfD enregistre ses meilleurs scores, M. Gauland s’en est pris à des déclarations de la secrétaire d’État allemande à l’intégration, Aydan Özoguz, qui avait récemment réfuté l’idée de l’existence en Allemagne d’une « culture de référence » devant être adoptée par les immigrés.
« C’est une Germano-turque qui dit cela. Vous n’avez qu’à l’inviter à Eichsfeld et lui dire ce que la culture allemande a de particulier », a lancé le responsable de la droite nationaliste à ses sympathisants, « ensuite elle ne reviendra plus ici et, Dieu merci, nous allons pouvoir ensuite nous en débarrasser en Anatolie ».
La droite populiste de l’AfD mais aussi, dans une moindre mesure, la droite modérée du parti de la chancelière Angela Merkel ont fait de la « culture de référence » allemande à respecter par les candidats à l’immigration un thème de campagne, dans le contexte de l’arrivée de centaines de milliers de demandeurs d’asile.
Mme Özoguz, 50 ans, qui est aussi un des vice-présidentes du parti social-démocrate allemand, membre de l’actuelle coalition gouvernementale, est la fille de travailleurs immigrés turcs.
Le porte-parole d’Angela Merkel, Steffen Seibert, a lui rappelé que la secrétaire d’État à l’intégration était née à Hambourg et donc connaissait parfaitement la culture allemande. « De ce fait ces propos (de l’AfD) se disqualifient d’eux-mêmes », a-t-il dit.