Entre l’Europe et le peuple, le PS a toujours choisi l’Europe, quelles qu’en soient les conséquences en terme de chômage notamment, comme en 1983 ou au début des années 1990. Le cru 2012 ne déroge pas à la règle, contrairement aux espoirs d’Emmanuel Todd.
De la démondialisation à la marinière
Il y a un peu plus d’un an, Montebourg s’était fait l’avocat du protectionnisme, reprenant Sapir et Todd en défendant la démondialisation. Mais depuis, le soufflet est retombé, brutalement. En juillet, le ministre faisait encore mine de pouvoir faire reculer PSA sur la fermeture de l’usine d’Aulnay. La rentrée a sonné le glas des espoirs des ouvriers : il n’a pas hésité à faire un 180° en demandant aux syndicats d’être responsables ! NDA a bien raison de lui demander de se réveiller !
Récemment, il s’en est pris aux importations de voitures coréennes, qui taillent des croupières aux véhicules fabriqués en France. Il s’est attiré une réplique cinglante du commissaire européen au commerce, Karel De Gucht, dans une interview au Figaro, pour qui « son raisonnement ne tient pas la route (…) Je n’ai pas l’impression que M. Montebourg s’intéresse vraiment au long terme ». Le commissaire évoque l’accord de libre-échange avec la Corée en oubliant que le marché automobile coréen est vérouillé. Et l’excédent commercial de 300 milliards est totalement imaginaire.
Edgar, sur le blog La lettre volée, évoque aussi le cas de la fermeture de l’usine Electrolux pour souligner que les délocalisations ont souvent lieu au sein de l’Union Européenne, et notamment dans les pays de l’Est, où les salaires sont beaucoup plus bas… Mais ce n’est pas tout, le land de Basse-Saxe, actionnaire à 20% de Volkswagen, pourrait saisir la Commission pour remettre en cause la récente aide de l’Etat à PSA. Enfin, l’Europe menace l’exception culturelle qui protège notre cinéma, comme je l’avais évoqué au printemps, au nom d’un dogmatisme néolibéral effrayant.
La camisole budgétaire, c’est maintenant !
Malheureusement, la tutelle européenne sur les questions commerciales n’est pas nouvelle. En revanche, la mainmise de Bruxelles sur notre budget se resserre. De manière plus anecdotique, mais significative, la Commission a sommé la France d’aligner la TVA sur les livres numériques de 7 à 19,6% dans un délai d’un mois, démontrant à nouveau le pouvoir de l’Europe sur les questions fiscales. Et cela est encore renforcé par la triple camisole budgétaire mise en place récemment.
En effet, avec le TSCG, le gouvernement a accepté encore plus d’ingérence de la part des technocrates de Bruxelles. Cela s’est illustré par la venue de Viviane Reding au Parlement pour la préparation du projet de la loi de finance 2013. On ne comprend pas bien ce que le commissaire à la Justice faisait ici, surtout après sa passe d’arme lamentable sur les roms.
Mais le pire est que de nouveaux projets sont dans les cartons de l’UE ! Angela Merkel verrait d’un bon œil une tutelle encore plus stricte, avec « de réels droits d’intervention dans les budgets nationaux », où un commissaire européen aurait un droit de veto sur les budgets des pays ! Et ce n’est pas tout, François Hollande a évoqué une participation rétroactive des fonds européens au sauvetage du système bancaire irlandais. Bref, Dublin nous fait une concurrence fiscale déloyale et il faudrait en plus mettre à nouveau la main à la poche pour les aider. On nage en plein délire !
L’agenda fédéraliste avance à grands pas depuis quelques mois. Mais ce faisant, cela démontre également que le gouvernement n’a plus véritablement de prise sur les décisions, qui se prennent de plus en plus à Bruxelles. Cela laisse les campagnes de communication en marinière…