Selon TTU (Très Très Urgent, lettre d’information hebdomadaire consacrée aux questions stratégiques et de défense), les divergences de vues sur la gestion de la crise malienne et l’intervention de l’armée française dans ce pays ne sont pas du tout tolérées par François Hollande. Plusieurs hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères qui ont osé critiquer cette politique ont perdu leur poste.
Il ne s’agit pas seulement de punir ceux qui sont sortis de l’unanimisme, mais surtout, selon TTU, de mettre à l’écart des éléments « hostiles » susceptibles de parasiter la conduite actuelle du dossier malien. Parmi les victimes de cette purge : d’abord la directrice de la DAOI (Direction Afrique-Océan indien), Elizabeth Barbier, puis Laurent Bigot, sous-directeur dans la même structure.
Aucune explication ni affectation ne sont données aux limogés qui sont sommés par leur hiérarchie de quitter leurs postes « sous 48h ». Laurent Bigot n’était pas d’accord, et l’a dit, avec « la décision française de s’appuyer sur un gouvernement intérimaire contesté et une armée suspectée d’exactions contre les populations civiles, et, dans le même temps, de favoriser le MNLA, en utilisant ses hommes pour mener à bien la bataille des Ifoghas ».
Fin janvier déjà, l’ambassadeur Jean-Félix Paganon a connu le même sort : remercié sans affectation. Il avait été nommé en juin dernier par Laurent Fabius comme son représentant spécial pour le Sahel. TTU fait savoir que c’est un « ancien » de Bamako qui l’a remplacé dans la coordination interministérielle Mali-Sahel (MMS) au sein de la DAOI.
Ancien gendarme saint-cyrien, Gilles Huberson avait rejoint en septembre l’ambassade de France à Bamako pour opérer comme officier de liaison entre le Quai d’Orsay et la Défense. Selon des sources diplomatiques, rapportées par TTU, il a fait partie, aux côtés de la DGSE, des discussions initiées à Kidal avec les responsables locaux et les chefs des grandes tribus targuies, dont le très influent chef ifoghas, Intalla ag Attaher.
TTU s’attend à de nouvelles purges dans les rangs, cette fois, des ambassadeurs en poste dans la région. Par ailleurs, toujours selon TTU, Michel Réveyrand de Menthon, ambassadeur de France au Tchad et ancien ambassadeur au Mali, pourrait remplacer Dov Zerah à la tête de lʼAgence française de développement.