Après avoir élu le 6 mai un parlement d’où aucune majorité n’a pu émerger, les Grecs s’apprêtent à voter de nouveau le 17 juin. Les derniers sondages indiquent une véritable envolée de SYRIZA, l’équivalent du Front de Gauche, qui serait largement en tête, en passant de 16 à 28% des suffrages !
SYRIZA en route vers le pouvoir ?
Alors que le PASOK et Nouvelle Démocratie avaient obtenu plus de 75% des suffrages en 2009, ils n’en ont plus réuni qu’un tiers le 6 mai, Nouvelle Démocratie (qui était au pouvoir avant 2009) parvenant en tête avec 19% des voix, devant SYRIZA, 16%, le Pasok, 13% et l’ANEL, droite opposée au mémorandum, 11%. Suivaient ensuite le KKE (communiste), le DIMAR, scission plus modérée du SYRIZA, et l’Aube Dorée, parti néo-nazi qui a remplacé le LAOS au Parlement.
Avec la prime de 50 sièges obtenus par Nouvelle Démocratie, les partisans du mémorandum (avec le PASOK), n’étaient qu’à deux sièges d’une majorité absolue. Aucun accord n’ayant pu être trouvé, que ce soit avec SYRIZA ou même le plus modéré DIMAR, le président de la République a été contraint de déclencher une deuxième élection. Les quinze jours de négociation semblent avoir été largement profitables à SYRIZA qui serait maintenant systématiquement en tête.
Le dernier sondage attribue pas moins de 28% à SYRIZA, contre 20% à Nouvelle Démocratie, 12% au PASOK et 10% à l’ANEL. Selon les premières simulations, SYRIZA obtiendrait 128 sièges sur 300, n’ayant alors besoin que du soutien d’un ou deux partis (KKE, DIMAR, éventuellement PASOK ou ANEL) pour avoir une majorité au Parlement. Tout sera fonction du nombre de partis qui passeront le cap des 3% nécessaire pour avoir des députés au Parlement.
Vers une grave crise en Europe
Si SYRIZA gagne les législatives et parvient à former une majorité, il est bien évident qu’une immense crise se déclenchera puisque Alexis Tsirpras promet d’augmenter salaires et retraites, et propose d’embaucher 100 000 fonctionnaires. Bref, on ne voit pas par quel miracle il pourrait s’entendre avec une troïka qui a imposé aux précédents gouvernements de faire l’exact inverse. Certes, il veut rester dans l’euro, mais la situation devrait rapidement se bloquer.
Bien sûr, il pourrait toujours réquisitionner la Banque de Grèce et d’émettre des euros, comme le propose Sapir, ce qui est techniquement possible, mais créerait une très grave crise européenne car on voit mal l’Allemagne accepter qu’un pays puisse émettre à volonté des euros (ce qui avait été fait par l’Ukraine au début des années 1990, provoquant l’explosion de l’union monétaire issue de l’URSS), d’autant plus qu’une majorité des allemands sont pour la sortie de la Grèce.
En outre, 14% des Allemands sont favorables aux euros obligations, et 79% contre. Autant dire qu’il serait impossible de vendre à Berlin de nouvelles conditions pour la Grèce. Nous devrions rapidement être dans une impasse, le plus simple étant finalement le défaut, la sortie et la dévaluation. Deux solutions alors : soit la zone euro explose par un effet classique de domino, soit la sortie de la Grèce calme temporairement les marchés avec des mesures d’accompagnement.
Comme l’écrit Sapir, parce que les Grecs en ont assez d’être torturés par des gens sans cœur comme Christine Lagarde, même s’ils tiennent à l’euro, ils devraient confier leur destin à SYRIZA. Dès lors, nous entrerons dans une zone de turbulence d’où l’euro ne devrait pas survivre, à plus ou moins long terme.