Demain, les Grecs votent pour élire leurs députés. Et l’incertitude plane sur la sortie des urnes, alimentant les craintes d’une instabilité politique dans le pays.
Dans 24heures, les Grecs seront aussi face aux urnes. Pour leurs législatives. Les derniers jours de la campagne n’ont pas dissipé l’incertitude sur le gouvernement que pourra se trouver le pays, pourtant appelé à poursuivre à marche forcée sa tentative de redressement de l’économie.
« Isoler les nazis »
Crédité par les sondages de la première place mais sans espoir de décrocher la majorité absolue au parlement, le conservateur Antonis Samaras, bientôt 61 ans, a lancé, jeudi, à Athènes, un vibrant appel à « isoler les nazis », le parti néonazi Aube dorée qui pourrait créer la surprise demain, étant crédité dans les sondages de 5% des intentions de vote, ce qui lui permet techniquement d’obtenir des députés pour la première fois de l’Histoire moderne de la Grèce.
Devant ses militants, Antonis Samaras a rejeté la possibilité d’une coalition avec le parti socialiste Pasok et son leader Evangélos Vénizélos, avec lequel son parti Nouvelle Démocratie gouverne à contrecoeur depuis novembre pour éviter la faillite du pays. Mais la division du camp conservateur a pris une ampleur inédite après le virage à 180 degrés d’Antonis Samaras sur les mesures d’austérité demandées par les créanciers pour débloquer un deuxième plan d’aide à la Grèce début 2012. Un nouveau parti populo-nationaliste opposé à la rigueur et baptisé Grecs Indépendants s’est créé.
« 25% d’indécis un cauchemar »
Face à un dirigeant socialiste, Evangélos Vénizélos, qui s’affirme, lui, prêt à renouveler l’alliance gouvernementale sortante, l’issue du scrutin de demain reste totalement incertaine, ce qui alimente les craintes d’une instabilité politique dans le pays. « Au total, le bloc des indécis représente 25%, c’est un cauchemar » pour prédire quoi que ce soit, relève l’analyste Ilias Nikolakopoulos, de l’institut Opinion. Evangélos Vénizélos a, du coup, agité, mercredi, le spectre d’une « sortie de l’euro » si la Grèce devait retourner aux urnes dans les semaines à venir, comme Antonis Samaras en laisse planer la menace, ou si les électeurs désertent le Pasok au profit d’une gauche radicale et communiste dopée par son rejet de l’austérité.
Le Premier ministre technocrate sortant, Lucas Papademos, a lui aussi souligné, mercredi, l’impératif pour le pays d’une « application efficace » des réformes lancées et invoqué son expérience pour souligner qu’une coalition permet de « résoudre les problèmes difficiles ». De son côté, le FMI a rappelé, jeudi, que le gouvernement grec qui émergera des législatives devra poursuivre le programme de réformes approuvé par son prédécesseur en échange de l’aide financière des créanciers publics du pays.