Vendredi 14 septembre 2018, le ministre de la Culture Françoise Nyssen a lâché sa petite bombe à La Rochelle, là où le PS des grandes années faisait son université d’été : elle veut que pour 2020 la redevance soit « déconnectée de la détention d’un téléviseur ».
Traduction : tous les foyers vont payer, même ceux qui n’ont pas la télé, même ceux qui ne la regardent pas, même ceux qui la vomissent. Un cadeau culturel royal !
Aussitôt après l’annonce de cette nouvelle extorsion de la part d’un gouvernement aux abois qui a trop donné à ses sponsors richissimes et qui du coup doit tondre la masse des pauvres solvables, le gouvernement, par le biais de ce pauvre Darmanin, le ministre des Comptes publics, a rétro-pédalé.
Pour lui, et donc pour Macron, il n’y aura pas de généralisation de la redevance télé à tous les foyers, même ceux qui ne déclarent pas un téléviseur, avant que la réforme de l’audiovisuel public ne soit passée et que la taxe d’habitation n’ait disparu... Et Darmanin parle même d’une diminution d’impôts. Que cache ce couac gouvernemental ?
On sent bien qu’une course de vitesse est engagée entre les conservateurs à la Nyssen, qui ne veulent pas toucher à la gabegie publique en l’état et qui ont besoin de plus de fric pour ça (il faut payer les centaines de directeurs de France Télévisions et tous les membres du CSA, grassement payés et qui n’en branlent pas une), et les réformistes qui veulent casser le service public qui coûte trop cher pour un rendement en propagande de plus en plus faible.
Résumé : Nyssen veut réformer la redevance et ne pas toucher à l’audiovisuel (ses budgets monstrueux et ses effectifs pléthoriques), tandis que Macron veut casser une maison jugée trop à gauche et trop gourmande en emplois publics, 15 000 pour l’audiovisuel public, dont 10 000 à France Télévisions et 5 000 à Radio France. Et encore, les chiffres sont mouvants tellement les maisons sont mal gérées. Tout ça pour une soupe à 95% infâme.
Dans les deux cas, les Français, les contribuables ou les téléspectateurs, sont piégés : soit ils vont payer plus pour une télé publique de plus en plus propagandiste, soit ils vont payer autant ou un peu moins pour un service public désossé. Si c’est pour réduire l’armée des centaines de journalistes qui font des paquets de JT quotidiens quasi identiques sur les chaînes de service public, pourquoi pas. Et si c’est pour couper la tête des perroquets de la propagande oligarchique, on n’aura aucun regret. Mais on sent que l’intention libérale va plus loin, et va frapper les autres secteurs d’activité.
Car c’est exactement le même (faux) dilemme dans tous les autres secteurs économiques, que ce soit l’énergie, la santé ou les transports. Les Français ont voté à deux mains pour le libéralisme économique en mai 2017, ils continuent de payer pour leur vote. En fait, voter Macron c’était voter à crédit... et payer plus tard. Une grosse entube politico-économique !