Le roi Abdallah d’Arabie saoudite et le président français François Hollande ont souligné dimanche leur convergence de vue sur les crises qui secouent le Moyen-Orient, du Liban à la Syrie en passant par l’Iran, affichant une même fermeté.
Arrivé dimanche en Arabie saoudite pour une visite de deux jours également dominée par la perspective d’enjeux commerciaux alléchants, le président français a retrouvé le souverain saoudien dans son luxueux palais privé de Rawdat Khurayim, en plein désert, à 60 km au nord-est de Ryad.
Au cours de leur entretien, le roi Abdallah « a manifesté son inquiétude, voire son anxiété à propos des crises régionales – l’Iran, la Syrie, le Liban et l’Égypte – et a salué la position courageuse de la France sur ces principaux dossiers », a-t-on indiqué dans l’entourage de François Hollande.
Soulignant « les positions convergentes » sur ces différents dossiers, le souverain, dont le pays est l’un des principaux soutiens à l’opposition syrienne, a accusé le président syrien Bachar al-Assad d’avoir « détruit son pays », toujours selon l’entourage de François Hollande.
Sur la Syrie comme sur l’Iran, Français et Saoudiens « ont travaillé sur des positions convergentes », s’est félicité François Hollande. Seul bémol : l’Égypte. Alors que Ryad apporte un soutien inconditionnel au nouveau pouvoir, François Hollande a appelé une nouvelle fois Le Caire, dans une interview au quotidien arabophone Al-Hayat parue dimanche, à permettre « à l’ensemble des courants politiques rejetant la violence » de « participer au processus de transition » politique.
Le président français devait également profiter de sa visite à Ryad pour y rencontrer dans la soirée l’ex-Premier ministre libanais Saad Hariri, dont un proche a été tué vendredi dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth, et le chef de l’opposition syrienne Ahmed Jarba.
François Hollande est accompagné de quatre ministres dans ce déplacement, Laurent Fabius (Affaires étrangères), Arnaud Montebourg (Redressement productif), Nicole Bricq (Commerce extérieur) et Jean-Yves Le Drian (Défense) ainsi que d’une trentaine de dirigeants d’entreprises parmi lesquelles EDF, Areva, Alstom et Thales.
Au chapitre économique, il a rappelé dans son interview à Al-Hayat que le royaume était devenu « le premier client de la France au Moyen-Orient » avec des échanges qui ont dépassé les 8 milliards d’euros en 2013 dont 3 milliards d’exportations françaises, même si la balance reste structurellement déficitaire compte tenu des importations de pétrole saoudien.
Les relations commerciales franco-saoudiennes ont été marquées par « de beaux résultats en 2013 » avec le métro de Ryad revenu à Alstom, l’équipement de la Garde nationale saoudienne par la France ou la mise à niveau de la flotte par DCNS, Thales et MBDA, souligne-t-on à l’Élysée, où l’on s’attend encore à de « brillantes » perspectives l’an prochain.
Évoquant le projet saoudien de construire jusqu’à 16 réacteurs nucléaires dans les prochaines années, Arnaud Montebourg a assuré que « la France était très bien positionnée » pour remporter ce futur appel d’offres, dans l’avion présidentiel qui le menait à Ryad. Pour Abdel Aziz Saqr, directeur du Gulf Research Centre, l’Arabie saoudite veut « élargir son partenariat avec la France » alors que ses relations avec Washington sont tendues en raison des positions américaines sur la Syrie et l’Iran.
Quoi qu’il en soit, après l’attentat à la voiture piégée qui a coûté la vie vendredi à Beyrouth à Mohammad Chatah, proche conseiller de M. Hariri, hostile au régime syrien et à son allié, le Hezbollah, le Liban devait être encore au cœur des entretiens de François Hollande avec les dirigeants saoudiens lundi.
« Le Liban a besoin de rester uni face aux périls qui l’entourent », a souligné le président français dans son interview à Al-Hayat. Et tout comme la France, Ryad s’inquiète des interférences iraniennes dans les affaires arabes, particulièrement au Liban où elles s’exercent via le Hezbollah.