L’Assemblée nationale a adopté, ce jeudi, en première lecture, la proposition de loi socialiste visant à pénaliser les sites de « désinformation » sur l’IVG, avec le soutien de l’ensemble de la gauche et d’une majorité de centristes, et malgré l’opposition de la droite.
Le texte, qui prévoit d’étendre le délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse à tout moyen, notamment au numérique, a été voté, à main levée, après cinq heures et demie d’âpres débats et quelques retouches. Le texte sera examiné par le Sénat le 7 décembre, en procédure accélérée, en vue d’un vote définitif du Parlement d’ici à fin février et l’aboutissement de la session.
Plusieurs députés de droite s’étaient mobilisés pour faire entrave à ce qu’ils considèrent comme une mesure liberticide. La quasi-totalité des 76 amendements déposés sur le texte étaient portés par ces élus LR et par l’extrême droite, au nom de la « liberté d’expression » pour les premiers, de la lutte contre « la culture de mort » pour les seconds.
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Jean-Frédéric Poisson : « Le site du gouvernement propose l’avortement en toute situation, sans donner l’ombre de l’idée d’une solution différente »
Jean-Frédéric Poisson est député des Yvelines et président du Parti chrétien-démocrate (PCD). À l’issue de la proposition de loi déposée par le groupe socialiste, visant à étendre le « délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse », il a déposé un amendement, cosigné par M. Dhuicq et M. Voisin demandant la suppression de l’article unique composant cette loi. Il a bien voulu répondre aux questions du Rouge & le Noir.
R&N : Comment expliquer cette volonté du gouvernement d’engager en urgence, à quelques mois de l’élection présidentielle, une procédure accélérée pour étendre le délit d’entrave à l’avortement ?
Jean-Frédéric Poisson : Je ne peux l’expliquer autrement que par l’obsession, comme l’a d’ailleurs très justement souligné le Cardinal Vingt-Trois. Voilà cinq ans que ce gouvernement plonge le pays dans une crise identitaire et économique toujours plus profonde et inquiétante, mais il s’acharne dans l’urgence à légiférer sur des sujets sociétaux qui demandent pourtant une immense prudence et de réels débats.
C’est évidemment vrai pour le Mariage pour Tous voté plus rapidement que prévu et en dépit de la protestation considérable… Mais c’est flagrant sur la question de l’avortement.
Ce gouvernement a fait de l’avortement un droit fondamental, a supprimé la notion de détresse comme condition pour y avoir recours, et enfin le délai de réflexion obligatoire avant de poser un acte aussi peu anodin.
Et maintenant, il voudrait faire taire ceux qui tentent d’apporter une voix moins idéologue sur un sujet si difficile, ceux qui rappellent que l’avortement est toujours un drame, ceux qui voudraient aider les femmes à étudier toutes les autres possibilités qui s’offrent à elle…
Il s’agit du point culminant d’un comportement absolument totalitaire. Ce texte est grave parce que le sujet est grave, mais également parce qu’il est liberticide.
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Que le gouvernement se pose les bonnes questions : si ces sites sont si visités, c’est sans doute parce qu’ils offrent beaucoup plus d’informations que le site gouvernemental qui ne propose que l’avortement. Si le gouvernement faisait son travail d’information honnêtement, il n’aurait pas besoin d’organiser une chasse aux sorcières justifiée par de fausses accusations.
On trouve également sur ces sites des témoignages de femmes qui ont avorté : que compte faire le gouvernement, les faire taire elles aussi ? Au nom du droit des femmes ?