Frédéric Mitterrand et Bertrand Delanoë, parmi d’autres personnalités du show-biz, se sont joints à la campagne internationale pour la promotion du tourisme en Tunisie, intitulée en français « Tunisie, moi j’y vais ». Fort heureusement, l’opération de com’ n’impose pas aux personnalités de préciser leurs motivations ! Extraits de choses dites par les deux compères, à l’attention des parents et maîtres d’écoles tunisiens.
Frédéric Mitterrand
« Au-dessus de 14 ans, c’est dégueulasse ! »
Extrait de La Mauvaise Vie (Robert Laffont, 2005) :
« Le garçon marche dans la nuit à quelques pas devant moi. [...] Il ne se retourne pas, il sait que je le suis et il devine sans doute que cet instant où je le regarde en profil perdu, de près et sans le toucher, me procure un plaisir violent. Il a l’habitude. C’est le quatrième depuis hier soir, j’ai voulu passer par un club que je ne connaissais pas encore avant de rentrer à l’hôtel et je l’ai aussitôt remarqué. Il n’y a que pour ceux qui ne les désirent pas qu’ils se ressemblent tous. [...]
Évidemment, j’ai lu ce qu’on a pu écrire sur le commerce des garçons d’ici et vu quantité de films et de reportages ; malgré ma méfiance à l’égard de la duplicité des médias je sais ce qu’il y a de vrai dans leurs enquêtes à sensation ; l’inconscience ou l’âpreté de la plupart des familles, la misère ambiante, le maquereautage généralisé où crapahutent la pègre et les ripoux, les montagnes de dollars que cela rapporte quand les gosses n’en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages et les enchaîne, les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. Je m’arrange avec une bonne dose de lâcheté ordinaire, je casse le marché pour étouffer mes scrupules, je me fais des romans, je mets du sentiment partout ; je n’arrête pas d’y penser mais cela ne m’empêche pas d’y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m’excitent énormément. La lumière est moche, la musique tape sur les nerfs, les shows sont sinistres et on pourrait juger qu’un tel spectacle, abominable d’un point de vue moral, est aussi d’une vulgarité repoussante. Mais il me plaît au-delà du raisonnable. La profusion de garçons très attrayants, et immédiatement disponibles, me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de refréner ou d’occulter. L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système ; celui qui fonctionne enfin car je sais qu’on ne me refusera pas. Je peux évaluer, imaginer, me raconter des histoires en fonction de chaque garçon ; ils sont là pour ça et moi aussi. Je peux enfin choisir. J’ai ce que je n’ai jamais eu, j’ai le choix ; la seule chose que l’on attend de moi, sans me brusquer, sans m’imposer quoi que ce soit, c’est de choisir. Je n’ai pas d’autre compte à régler que d’aligner mes bahts, et je suis libre, absolument libre de jouer avec mon désir et de choisir. La morale occidentale, la culpabilité de toujours, la honte que je traîne volent en éclats ; et que le monde aille à sa perte, comme dirait l’autre. »
À ne pas manquer, le court-métrage pédophile Mon copain Rachid, dont Frédéric Mitterrand a participé à l’élaboration :
Bertrand Delanoë
À propos de La Mauvaise Vie de Frédéric Mitterrand :
« [Frédéric Mitterrand] trouve des mots poignants pour dire “la culpabilité de toujours, la honte…”. Loin de faire l’apologie du tourisme sexuel, il décrit au contraire l’impasse que représente toute relation tarifée, jetant un regard implacable sur son propre cheminement. C’est son histoire, et elle est bouleversante. »