Près de huit millions d’euros sont consacrés par la région Île-de-France au financement du domaine d’intérêt majeur (DIM) « Genre-inégalités-discriminations ». Soit près de 20% des crédits de recherche votés par la région. Est-ce bien raisonnable ?
L’intersexuation[1] existe et elle se trouve dans la nature. Sa fréquence est faible, mais il est normal qu’elle soit étudiée pour ce qu’elle est, une anomalie naturelle. L’identité de genre existe aussi, et elle concerne le fait qu’une personne se sente psychiquement d’un sexe, le sien ou l’opposé. La très grande majorité des personnes considère que son sexe et son genre sont identiques et cette majorité ne se pose pas longtemps la question.
Champ libre à la recherche scientifique
Les personnes de la minorité pour qui cette identité sexe-genre n’est pas vérifiée ont un réel problème d’intégration dans une société prompte à coller des étiquettes et à attendre de ces étiquettes un déterminisme social quasi-infaillible. Et il est évidement normal d’étudier ce que le genre nous dit de différend du sexe, que ce soit par pur intérêt universitaire ou pour aider à mieux vivre au quotidien les personnes qui souffrent de cette différence sexe-genre.
Les déterminismes sexués existent : mon sexe (masculin) ne m’a pas permis de porter et nourrir mes enfants avant leur naissance, contrairement à mon épouse. Je ne crois pas que cela emporte le moindre jugement moral, mais impossible d’étudier la biologie sans regarder la reproduction qui est sexuée pour bien des êtres vivants. Les stéréotypes sexués existent, et il n’est pas inutile d’étudier ces stéréotypes et leurs impacts.
Bref, je suis persuadé qu’aucun champ d’étude n’est a priori interdit, et que de ces études peuvent découler le cas échéant des choses bénéfiques. Il est aussi normal de penser que des subsides publics puissent financer des travaux de recherche. Il est enfin utile de rappeler que quand A est différent de B, cela n’implique pas nécessairement que l’un soit supérieur à l’autre.
Le budget « DIM » de l’Île-de-France
La puissance publique peut donc subventionner des études portant sur le sexe et le genre sous tous aspects, dans le respect de l’intérêt public. Les collectivités locales le peuvent donc, dans le cadre de leurs champs de compétences. Témoin la région Ile-de-France (IdF) qui « investit [2] » dans la recherche et désigne ces investissements sous le doux acronyme de DIM pour Domaine d’Intérêt Majeur.
Les champs de recherches que la région IdF finance, ces fameux DIM, sont :
Comme vous pouvez le constater des sujets très divers, dont certains peuvent avoir un impact direct sur la vie des gens. Parmi ces sujets, les études évoquées en introduction sont rangées dans la catégorie « Genres, inégalités, discriminations » que nous pouvons désigner comme GID.
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Explosion des subventions aux études de genre
L’analyse des subventions allouées par la région IdF à ces DIM et plus spécifiquement à ces GID de 2012 à 2014 fait l’objet du tableau qui suit [3].