En décembre 2009, nous écrivions que l’annonce du Président Obama de renforcer les troupes américaines en Afghanistan, afin de remporter une victoire décisive contre les Talibans, puis de se retirer du pays équivalait à l’annonce d’un retrait pur et simple.
Les faits confirment une fois de plus la justesse des analyses de Realpolitik.tv. Aucune victoire décisive n’a bien sur été remportée, en dehors du scenario rocambolesque de l’élimination de Ben Laden, qui à n’en pas douter, amusera beaucoup les historiens du déclin américain dans une vingtaine d’années. Point de victoire décisive donc, mais un retrait bien orchestré pour l’opinion internationale, démontrant une fois de plus que la communication du Pentagone est plus efficace que son infanterie. Cette défaite confirme également que la ruine de l’économie américaine est une meilleure garantie pour la stabilisation mondiale, que le prix Nobel décerné au Président Obama. C’est bien là, la motivation première du retrait. Les Talibans ont gagné sociologiquement cette guerre d’usure, car comme l’a fort bien souligné Emmanuel Todd, le temps joue en leur faveur. Chaque jour de conflit renforce les Talibans, tandis qu’il affaiblit l’armée américaine.
Le grand bénéficiaire de cette guerre aux États-Unis reste le complexe militaro-industriel et les sociétés de services privées du secteur de la défense, que l’effort de guerre a enrichi considérablement. Le grand perdant est le peuple américain. Trompé, manipulé massivement par un discours de propagande peu évolué, il a démontré à l’ensemble du monde civilisé son immaturité politique fondamentale. Depuis 20 ans, en dehors d’une petite partie de la gauche américaine et de la faction minoritaire des conservateurs républicains que l’on retrouve aujourd’hui autour de Ron Paul, le peuple américain a été incapable du moindre éclair de lucidité, que ce soit sur la Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak et aujourd’hui l’Iran. Cette faute se paiera au prix fort et se traduira par ces centaines de milliers de vétérans dont il faudra s’occuper et ensuite réintégrer dans une économie exsangue. Incompétence et aveuglement des élites, guerres inutiles et perdues d’avance, pollution industrielle massive (liée a l’exploitation du gaz de schiste), hypertrophie du complexe militaro-industriel, crise économique, appauvrissement et endettement hors de contrôle, perte de légitimité morale, mensonge de masse, les États-Unis de 2011 rappellent de plus en plus l’Union Soviétique de 1991.
Xavier Moreau
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