Comme dans les pires séries télévisées (ou les meilleures, selon vos préférences), un laboratoire militaire américain a expédié par erreur des bacilles mortels. Mais, cette fois, ce n’est pas de la télé, c’est la réalité : des bacilles actifs de la maladie du charbon (anthrax) ont été expédiés ce mois-ci à des laboratoires privés américains.
Le bacille du charbon (Bacillus anthracis) est une bactérie du genre Bacillus qui commencé à être utilisé comme arme bactériologique vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. La dispersion des spores dans l’air ambiant peut entraîner le développement de la forme respiratoire de la maladie du charbon, fatale dans 90 à 100 % des cas.
On se rappelle tous des attaques à l’anthrax de 2001 quand, dans la foulée des attentats du 11 septembre, des enveloppes contaminées au bacille de charbon avaient été envoyées dans les bureaux de grands médias américains, ainsi qu’à deux sénateurs, causant le décès de cinq personnes.
Malgré une enquête du FBI, la police fédérale américaine, jamais personne n’a été arrêté et condamné dans cette affaire.
Et voilà qu’aujourd’hui, le Pentagone et les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) « enquêtent sur le transfert par mégarde d’échantillons contenant des bacilles vivants d’anthrax (bacillus anthracis) » depuis le laboratoire militaire de Dugway, dans l’Utah, vers « des laboratoires dans neuf États », selon un communiqué du colonel Steven Warren, porte-parole du Pentagone.
En effet, le labo militaire de Dugway, dans l’Utah, expédie régulièrement des échantillons de bacille du charbon inactifs à des laboratoires commerciaux, à des fins de recherche. Ce centre d’essai militaire doit normalement irradié tous les échantillons qu’il envoie pour les rendre inactifs avant de les expédier. Mais, il semble cette fois qu’au moins un d’entre eux était encore actif après l’expédition.
Au moins un échantillon, expédié par camion à un laboratoire du Maryland (est), s’est en effet révélé encore actif après sa réception. Le laboratoire du Maryland s’est rendu compte du caractère actif du produit le 22 mai et a donné l’alerte.
« Il n’y a pas de risque identifié pour le public, et il n’y a pas de cas confirmé ou suspecté de contamination » dans les laboratoires concernés, a toutefois déclaré le porte-parole du Pentagone.
« Le laboratoire militaire de Dugway participe actuellement à un programme de recherche militaire visant à fabriquer des tests de détection des menaces biologiques qui soient utilisables sur le terrain », a précisé le colonel Warren.
Dans le cadre de ces recherches, il envoie des échantillons inactifs à des laboratoires privés. « Par mesure de précaution », le département de la Défense « a suspendu » ces expéditions, « dans l’attente des résultats de l’enquête », a indiqué le colonel.
De son côté, la direction des Centres de contrôle et de prévention des maladies a dit avoir envoyé des agents dans les laboratoires potentiellement détenteurs d’échantillons actifs pour conduire des investigations. Il s’agit notamment de mener « une consultation épidémiologique » et de vérifier les « mesures de sécurité pour les salariés » et « la gestion des déchets » des laboratoires.
Les laboratoires publics américains ont avoué l’année dernière plusieurs erreurs de manipulation de bactéries dangereuses.
En juillet dernier, le directeur des CDC Tom Frieden avait reconnu devant le Congrès une série de manquements aux protocoles de sécurité dans ses propres laboratoires. « Il y a eu une série de ratés dans des protocoles importants », avait-il admis, en pointant « un manque de culture dans la rigueur du respect des protocoles de sécurité ».
Des militaires exposés lors d’un entraînement
En outre, vingt-deux militaires ont peut-être été également exposés au bacille lors d’un d’entraînement sur une base américaine en Corée du Sud, a aussi annoncé l’armée jeudi.
Insistant pour dire qu’il n’existait « aucun risque pour la population », la base aérienne d’Osan, en Corée du Sud, a tout de même indiqué aujourd’hui « que l’alerte a été donnée lorsqu’il a été découvert que des bacilles utilisés lors d’un exercice d’entraînement étaient susceptibles d’être actifs ».
« Vingt-deux militaires ont peut-être été exposés durant cet entraînement », dit le communiqué des autorités de la base qui précise « qu’aucun de ces militaires ne présentait de symptômes de contamination ».
L’échantillon en cause aurait été utilisé « dans un environnement de laboratoire », dans une installation autonome de la base militaire. « Les équipes spécialisées en matières dangereuses ont bouclé l’installation, l’ont décontaminée (….) et détruit les bacilles », affirment les autorités militaires.