Des centaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche dans 57 villes d’Espagne pour dénoncer les réformes du marché du travail récemment adoptées à l’initiative du gouvernement de droite de Mariano Rajoy.
La journée nationale de mobilisation, coordonnée notamment par les deux principales centrales syndicales du pays, les Commissions ouvrières et l’Union générale des travailleurs, a attiré plus d’un million de manifestants, selon ses organisateurs, avec des foules imposantes à Madrid (500 000) et à Barcelone (450 000).
La police estime quant à elle le nombre de manifestants à plus de 100 000, rapporte le quotidien El País, dont 50 000 à Madrid.
Dans la capitale espagnole, le défilé était l’un des plus importants depuis le début de la crise, il y a cinq ans. Pendant deux heures, la foule s’est déplacée de la Plaza de Neptuno jusqu’à la Puerta del Sol, dans le centre de Madrid.
Le gouvernement de droite de Mariano Rajoy, arrivé au pouvoir en décembre dernier, a annoncé une hausse des impôts et une baisse de la dépense publique à hauteur de 8,9 milliards d’euros (11,7 milliards de dollars). Il doit trouver une quarantaine de milliards d’euros supplémentaires pour respecter les objectifs budgétaires fixés par l’Union européenne.
Un taux de chômage record
Début février, le gouvernement espagnol a en outre approuvé une réforme du Code du travail qui prévoit réduire les avantages des salariés et renforcer les prérogatives des employeurs.
La réforme du Code du travail supprime notamment le versement d’indemnités de départ représentant 45 jours de salaire par année travaillée pour les salariés reconnus victimes de licenciement abusif, un cas fréquent devant les tribunaux espagnols.
Cette réforme, espère le gouvernement, permettra aux compagnies de gagner en compétitivité et à terme de créer plus d’emplois en Espagne, frappée de plein fouet par la crise financière mondiale qui a éclaté à l’automne 2008 et qui a fait 23 % de chômeurs dans le pays, soit 5 millions d’Espagnoles, le taux le plus élevé de tous les pays développés.
Pour les manifestants, la réforme du Parti populaire va limiter davantage les droits des travailleurs et entraîner de nouvelles vagues de licenciements.
Dimanche, lors de la clôture du congrès de son parti à Séville, Mariano Rajoy a défendu sa nouvelle loi et a appelé au sacrifice collectif. « Lorsque nous introduisons des mesures difficiles, nous pensons à ceux qui vivent dans les pires conditions », a-t-il déclaré devant les membres du Parti populaire.
« Plutôt que de penser à reconstruire, il faut freiner la détérioration (de l’économie) », a-t-il poursuivi.