Fabien Engelmann, 31 ans, secrétaire général du syndicat CGT des agents territoriaux de la mairie de Nilvange (Moselle) est candidat FN aux cantonales de mars. Parce que les 26 adhérents ont majoritairement refusé de le désavouer, la fédération CGT des services publics a décidé la suspension immédiate de l’affiliation du syndicat. Fabien Engelmann a accepté de répondre aux questions des Nouvelles de France.
Etre syndicaliste CGT et candidat FN aux élections, est-ce que ça n’est pas un peu gonflé ?
Pas du tout. Je suis un esprit libre et considère qu’on ne doit pas mélanger le syndicalisme avec la politique partisane. La CGT n’appartient plus au PCF depuis 1989, que je sache. Et puis, si vous saviez le nombre d’adhérents de la CGT qui sont au Front National ou qui votent pour !
Vraiment ?
Je vais vous donner un scoop : il y a quelque chose qui bouge en ce moment. Dans une, voire deux semaines, des dizaines d’adhérents de la CGT vont faire leur "coming out". Ce sera du "jamais vu" ! Comme moi, ils ont compris que le FN n’était pas le diable et que Marine Le Pen a un discours plus social qu’Olivier Besancenot. Lui fait le jeu du grand patronat qui voudrait pouvoir mettre en concurrence les ouvriers de tous les pays grâce à l’ouverture des frontières.
Des personnalités nationales ?
Vous savez, la CGT, c’est la base avant tout. Et elle n’est pas le seul syndicat concerné. C’est Thierry Gourlot, secrétaire régional du FN Lorraine, président du Groupe FN au Conseil régional de Lorraine qui a un fichier avec tous les syndicalistes membres du FN : il y en a plein !
Comment réagissez-vous à la suspension de l’affiliation CGT de votre syndicat ?
C’est scandaleux. La fédération CGT des services publics a une attitude stalinienne ! Je sais bien que derrière cette décision, il y a le PCF et le Front de gauche, voire le NPA. Et pendant ce temps, Patrick Perron, le candidat communiste s’affiche sur son matériel de propagande en tant que membre de la CGT, ce que je n’ai jamais fait. Lui n’a par contre aucun problème !
Je suis d’abord passé par la mairie d’Algrange pour tenter de vous joindre. On m’a fait "poiroter" avant de me dire que vous étiez sur un chantier et qu’ils n’avaient pas votre portable, cela vous étonne-t-il ?
Pas du tout ! Le maire, Patrick Perron, avec qui j’entretiens des relations courtoises, est candidat face à moi... Et puis, ils reçoivent beaucoup d’appels de médias.
Comment passe-t-on aujourd’hui du NPA au FN ? De l’internationalisme au nationalisme ?
L’internationalisme est un bien grand mot. Interrogez un militant de base du NPA et vous verrez qu’il n’est pas plus internationaliste que ça ! Le déclic "NPA", je l’ai eu comme beaucoup en réaction aux inégalités scandaleuses. Mais les régulations de sans-papiers, je n’ai jamais été pour. Vous remarquerez qu’à chaque manifestation de soutien aux sans-papiers, il y a deux militants de la CGT, 3 du NPA, etc. C’est lors des manifestations contre la réforme des retraites qui réunissent des dizaines de milliers de personnes qu’il faudrait demander aux adhérents présents s’ils sont internationalistes et pour la régulation des sans-papiers... Et là, vous auriez des surprises !