Dans une interview tirée du documentaire Ordre mondial diffusé ce dimanche par la chaîne de télévision Rossia 1, le président russe a expliqué ce qui devrait animer les pays sur le grand échiquier des relations internationales, a dévoilé les principes essentiels de la politique russe et s’est prononcé sur l’éventualité d’une guerre mondiale.
Sur les intérêts comme clé de voûte des politiques extérieures
Vladimir Poutine estime que ce sont les intérêts qui jouent un rôle prépondérant dans les relations entre les États et ceci indépendamment du degré d’estime qu’ils ont les uns pour les autres.
Ainsi, selon le président russe le problème de l’Europe réside dans le fait qu’elle ne mène pas une politique étrangère indépendante.
« Elle (l’Europe, ndlr) a confié une partie de sa souveraineté, peut être une des parties les plus importantes de sa souveraineté, à l’Alliance (…), mais en réalité c’est au leader de l’OTAN qu’elle l’a confiée, à savoir aux États-Unis », a précisé le président russe dans le documentaire Ordre mondial diffusé samedi par la chaîne de télévision Rossia 1.
Mais, selon Vladimir Poutine, les intérêts des pays européens consistent à unir leurs efforts dans les domaines économique, politique, écologique, ainsi que dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée : « Unissez vos efforts avec la Russie. Nous sommes prêts à travailler avec l’Europe, nous n’avons pas l’intention de bouder à cause de ces sanctions. Nous attendons, nous attendons tous ceux qui sont prêts à coopérer avec nous », a souligné le président russe.
Sur les relations avec la Turquie après la destruction de l’avion russe
Le président russe fait bien la distinction entre le peuple turc et les dirigeants de la Turquie et ne tient aucunement à ce que les relations amicales entre le peuple russe et le peuple turc se dégradent.
« Je l’ai déjà dit dans ma déclaration (à l’Assemblée fédérale, ndlr) et je tiens à le répéter une fois de plus : nous considérons le peuple turc comme un peuple ami, et ne voulons pas du tout que nos relations avec ce peuple soient mises en veilleuse. Quant à la direction turque actuelle, rien n’est éternel sous la Lune », a relevé le chef de l’Etat.
Sur l’Ukraine et sa dette envers la Russie
Vladimir Poutine estime que la position des Occidentaux sur l’Ukraine est liée non pas à la protection des intérêts ukrainiens, mais aux tentatives d’empêcher la recréation de l’Union soviétique alors même que la Russie ne poursuit pas ce but.
« La simple évocation de cette hypothèse trouble le sommeil de nos partenaires », indique le président, en expliquant ce fait par les craintes des pays occidentaux de voir l’Ukraine plus compétitive dans l’économie mondiale.
Pour le moment l’Ukraine est en piteux état : le niveau de vie chute, le PIB est considérablement réduit, la désindustrialisation du pays bat son plein. En outre, la proposition russe de restructurer la dette ukrainienne n’a même pas été étudiée.
« Ils (les pays occidentaux) ne veulent même pas partager ce risque. Cela signifie qu’ils ne croient pas à la crédibilité de l’Ukraine et à la stabilisation de son économie. Néanmoins, ils changent les règles du FMI, car ce ne sont pas les États-Unis qui fournissent des financements, ce sont tous les membres de cette organisation internationale. Autrement dit, ils font porter un fardeau financier pour leurs propres erreurs politiques à la communauté financière internationale », indique Vladimir Poutine.
Sur la transparence et l’honnêteté de la politique russe
Selon le président russe, la Russie arrive aisément à communiquer avec tout le monde parce qu’elle s’en tient fermement à sa position.
« Quant à la crise syrienne, nous discutons sans problème avec le président Assad et les Etats-Unis. J’en ai récemment parlé avec le président américain Barack Obama et avec nos amis d’Arabie saoudite et d’autres pays arabes », a déclaré M. Poutine.
« Pourquoi sans problème ? Tout simplement parce que nous ne remuons pas la queue devant tout le monde et ne changeons pas notre position », a ajouté le président.
Selon lui, Moscou a clairement exposé sa position concernant le processus de paix en Syrie.
« Nous avons d’abord demandé aux gens s’ils préféraient que nous agissions de telle ou telle manière, s’ils étaient d’accord ou non. Tout le monde s’est mis d’accord sur les paramètres principaux du règlement de la crise. Nous avons alors formulé notre position reposant sur des idées raisonnables et acceptables par tout le monde, c’est pourquoi nous restons constants et ne changeons pas d’avis à tout bout de champ », a conclu le chef de l’État russe.
Sur une guerre éventuelle
En répondant à la question du journaliste sur la probabilité d’une guerre, Vladimir Poutine a exprimé son souhait de ne pas voir de guerre mondiale éclater, car ce serait une catastrophe d’une ampleur planétaire.
« J’espère qu’il n’existe plus sur terre d’hommes assez fous pour oser utiliser des armes nucléaires », a déclaré le président.
Néanmoins, selon M. Poutine, « étant l’une des principales puissances nucléaires, la Russie se réserve le droit d’améliorer son armement stratégique, celui-ci étant compris comme un moyen de dissuasion. La triade nucléaire est au cœur de notre politique de sûreté nucléaire. Nous n’avons jamais brandi et ne brandiront jamais cette massue, mais elle occupe une place appropriée et joue un rôle non négligeable dans notre doctrine militaire ».
L’entretien (traduction amateur) :