Des affrontements ont fait au moins 30 morts samedi en Egypte après la condamnation à mort d’une vingtaine de personnes impliquées dans un drame meurtrier dans un stade de football de Port-Saïd. La veille, des heurts à motivation politique avaient déjà fait neuf morts.
Au moins 30 personnes ont été tuées et plus de 300 blessées samedi dans des affrontements à Port-Saïd, après la condamnation à mort de 21 Egyptiens pour leur implication dans les violences ayant suivi un match de football l’an dernier dans cette ville du nord-est. Au Caire, dans la salle d’audience, le verdict a en revanche été accueilli par les cris de joie et les youyous des membres des familles des victimes.
Ces heurts interviennent au lendemain du deuxième anniversaire de la "révolution", lui-même marqué par des violences entre manifestants et policiers qui ont fait neuf morts et plus de 530 blessés selon des sources médicales (lire encadré).
Des "affrontements sanglants"
Le ministère de l’Intérieur a indiqué que ses forces faisaient face à "des affrontements violents et sanglants" à Port-Saïd, affirmant que la prison et le tribunal étaient visés par des tirs à l’arme automatique. Un général de l’armée a annoncé le déploiement des militaires dans la ville.
En février 2012, 74 personnes étaient mortes à Port-Saïd après un match entre le club cairote d’Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry. La plupart d’entre elles ont succombé à une bousculade apparemment provoquée par des affrontements entre supporters des deux équipes.
Plus de 73 personnes inculpées
Au total, 73 personnes ont été inculpées, parmi lesquelles 61 étaient accusées de meurtre avec préméditation après la plus grande tragédie de l’histoire du football égyptien, qui avait entraîné des jours d’affrontements dans les rues du Caire. Douze autres, dont neuf policiers, étaient accusées d’avoir aidé à déclencher les violences. Les accusés restants seront fixés sur leur sort le 9 mars.
La majorité des victimes étaient des supporters du d’Al-Ahly, réputés pour leur soutien actif à la révolte qui a provoqué début 2011 la chute de Hosni Moubarak et pour leur participation aux manifestations contre le pouvoir militaire de transition qui ont suivi.
D’autres violences à Suez
Le verdict de ce procès intervient au lendemain du deuxième anniversaire du début du soulèvement ayant renversé Hosni Moubarak, qui a été marqué par des violences ayant fait neuf morts, dont huit lors d’une fusillade à Suez, et plus de 450 blessés dans le pays.
D’après le ministère de l’Intérieur, une centaine de policiers font partie des blessés.
La colère des manifestants est dirigée contre le président Morsi et les Frères musulmans dont il est issu, accusés d’avoir failli à la "révolution" qui leur a permis d’accéder au pouvoir par le biais d’une élection présidentielle pour la première fois démocratique.