Le niveau des recrues franciliennes — que ce soit la maîtrise du français, le comportement ou la condition physique — laisse à désirer, déplorent des formateurs au Parisien. Parallèlement, les grilles d’évaluation sont revues à la baisse ces dernières années pour éviter les éliminations durant la formation des futurs policiers.
Des membres de jury de concours et des formateurs interrogés par Le Parisien tirent la sonnette d’alarme : le niveau des nouvelles recrues de la police francilienne baisse.
Les grilles d’évaluation sont régulièrement revues à la baisse ces dernières années pour éviter les notes éliminatoires durant la formation des futurs gardiens de la paix. Lors de leurs examens, les futurs policiers commettent des erreurs à même d’entraîner la nullité d’une procédure.
Ce nivellement par le bas des reçus au concours national se répercute directement sur le terrain en Île-de-France, révèle le quotidien.
La raison en serait la volonté des policiers aguerris étant passés par de nombreuses mutations de quitter la région parisienne, séduits par le cadre de vie et le prix de l’immobilier de la province. Ils sont remplacés par plusieurs centaines de ces nouvelles recrues affectées chaque année dans la capitale et sa banlieue.
« Et ceux qui arrivent dans les commissariats franciliens sont généralement dans les derniers de leur promotion. Beaucoup de candidats sont en effet des provinciaux qui préfèrent rester près de chez eux lorsqu’ils le peuvent, c’est-à-dire quand ils sont bien classés et peuvent choisir leur poste », reconnaît un cadre du ministère de l’Intérieur.
Le nombre d’inscriptions en baisse
Entre-temps, le besoin pressant d’effectifs a eu pour effet qu’en 2020 seuls 19 546 candidats se sont inscrits en France pour 3631 postes, tandis qu’en 2012 près d’un candidat sur 50 était reçu au concours.
« Avec un tel ratio, il ne faut pas s’attendre à faire un réel tri », constate un juré.
« Le niveau des moins bons admis n’a fait que baisser au fil des années, on doit honorer la commande, il manque des effectifs dans beaucoup de commissariats… Et Emmanuel Macron a promis 10 000 agents durant son mandat [les gendarmes compris, NDLR]. On va y parvenir, mais à quel prix… », poursuit-il.
Maîtrise de l’oral et de l’écrit et comportement préoccupants
Selon ces formateurs, la maîtrise de la langue aussi bien écrite qu’orale est particulièrement préoccupante.
« Une part des stagiaires ne sait pas s’exprimer clairement. Ils perdent facilement leurs moyens et deviennent agressifs dans une discussion car ils n’ont pas le langage suffisant pour argumenter », révèle un formateur.
Le comportement des stagiaires est aussi alarmant. Certains élèves se rendent compte qu’ils ne seront pas dans les premiers et seront affectés certainement en Île-de-France, ce qui leur fait peur.
« Ils lâchent prise et ne se projettent pas dans leur métier », poursuit le formateur, reconnaissant tout de même qu’il y a des élèves motivés « qui se fichent de leur classement pour l’affectation et cherchent juste à apprendre et comprendre ».
Le niveau sportif menace les contrôles futurs
En outre, le niveau sportif aussi est décevant : sur le test d’endurance exigé, des stagiaires affichent des performances en deçà de la moyenne d’un ado en classe de 6e.
« Ils devraient être inaptes et malgré cela, ils sont aujourd’hui policiers », confie un formateur.
La situation s’aggrave du fait que des contrôles puissent déraper à l’avenir à cause d’un manque d’entraînement physique.
Une formation réduite de 12 à 8 mois ne permet pas de rattraper les carences du concours durant la formation. Pis encore, des élèves ayant commis des délits ont même été admis.
« Près de 150 stagiaires n’avaient ni le niveau d’implication, ni le bagage physique, technique ou intellectuel pour devenir policiers », résume un cadre de la formation.