A l’université de rentrée de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan, offensif, a tancé l’UMPS, contesté l’Euro et prôné la nation comme seule solution à la crise actuelle. NDA, nouveau rebelle républicain ?
Lentement, voire mollement. La journée de clôture de l’université de rentrée de Debout la République a débuté dimanche 12 septembre, enlisée dans une langueur matinale. 9h30. A la tribune, Jean-Pierre Gérard, économiste, livre une réflexion sur le patriotisme , « notion brocardée » qui « délivre pourtant des tabous de la pensée unique ». Les adhérents, venus nombreux, ont du mal à tenir en place malgré leur grand âge (70 ans en moyenne).
10h. Les discours s’enchaînent, dispensés par d’éminents experts. Alain Cotta, économiste et auteur de Sortir de l’euro ou mourir à petit feu, Gérard Lignac, patron de presse, Henri Temple, avocat, Jean-Pierre Barreau, « intellectuel multidimensionnel », et Michèle Tribalat, démographe et spécialiste de l’immigration, se succèdent au pupitre avec plus ou moins de brio et d’énergie. Mondialisation, libéralisme, Europe, voilà pour les thèmes débattus. Tous plaident pour l’instauration de droits de douane, l’abolition de l’Euro, un contrôle des frontières. Les problématiques actuelles sont étudiées, analysées, et décortiquées à travers le prisme de la nation. Pas de doute, ils ont tous une « certaine idée de la République » et la défendent comme les sentinelles d’une citadelle assaillie.
11h45. L’auditoire se fait plus attentif, les esprits s’aiguisent, tout le monde s’apprête à accueillir « Nicolas ». Pas le Nicolas de l’Elysée, mais celui de Debout la République. Sous les cris de « Nicolas président », le patron du mouvement fait son entrée.
Offensif
Depuis son départ de l’UMP en 2007, Nicolas Dupont-Aignan gesticule beaucoup, mais séduit peu. A tel point qu’il doit renoncer à se présenter à la dernière présidentielle faute d’avoir récolté les 500 signatures. Certains lui reprochent un style trop terne et un manque de charisme. Du coup, pas question de refaire les mêmes erreurs pour 2012. Lui qui se voit en « outsider » de la prochaine élection a remisé sa cravate fadasse et affiche à la place un look décontracté de jeune loup politique. Chemise blanche légèrement entrouverte au col et pantalon bleu satiné, le député maire de Yerres (Essonne) accorde son allure à son discours.
« Quel été ! Tant de bassesse, tant de démagogie, de fausses postures et de double langage. Un vrai cirque qui dégoûte nos concitoyens. » Pugnace, énergique, voire agressif, Dupont-Aignan semble bien décidé à passer à la vitesse supérieure : l’opposition frontale au gouvernement, au PS, et à toute la classe politique. L’idée directrice : on fout tout en l’air et on recommence. « Vous êtes dans un avion, y a un pilote automatique, l’avion est en chute libre, si vous êtes pilote vous reprenez le manche à balai, c’est simplissime. » Répétant sans relâche sa volonté de « casser le système », l’anarchiste républicain ne manque pas d’idées, ni de concepts à envoyer valser.
Son ennemi numéro 1 : l’UMPS, « l’union pour le maintien perpétuel du système ». Sarkozy, Aubry même combat, selon NDA. « Le PS comme d’ailleurs l’UMP sont contaminés par la même pensée unique [...] Ils sont main dans la main parce qu’ils partagent la même vision supranationale du monde. » Voilà justement le deuxième ennemi du leader de DLR : l’Europe et plus largement la mondialisation.
Après un vibrionnant hommage à Philippe Séguin, partisan du « non » au traité de Maastricht, Dupont-Aignan se lance dans un réquisitoire anti-européen. « Le mot « frontière » est devenu au fil du temps un gros mot, rétablir les frontières nationales : voilà le tabou qu’il semble impossible de briser. » Transporté par les applaudissements d’un public conquis, l’eurosceptique se risque ensuite à une hasardeuse comparaison entre la frontière et la membrane d’une cellule : « Une cellule du corps humain qui serait ouverte, poreuse, serait une cellule malade et pourrait dégénérer en toute forme de maladie ». Opposé à la libre circulation des biens et des personnes, il prône le rétablissement des droits de douane et plaide en faveur d’une Europe des nations.
Réformateur
Après le temps des critiques, vient celui des propositions. Pour « rompre avec le système actuel », NDA promet cinq référendums clés « pour sortir de l’euro, pour rétablir nos frontières, pour réformer l’Education nationale, pour réussir la réforme fiscale, pour réhabiliter les instruments de la sécurité publique ». Tout un programme qui manque encore de consistance, mais quand on lui fait remarquer le président de DLR ne sourcille pas et s’exclame :« C’est une clé, un mode d’emploi, le programme viendra après ».
Leader
Qui dit programme dit donc candidat. « On démarre une longue marche, et cette longue marche elle doit être fondée sur des principes, il faut rendre le pouvoir au peuple, et tous ceux qui collaborent avec ce système ne peuvent pas le redresser. » Et qui ne collabore pas avec ce système ? NDA, seul député (avec François-Xavier Villain) de l’Assemblée non-inscrit dans un groupe politique. Qui peut donc redresser ce système ? NDA ! Le député maire ne s’en cache pas, il sera bel et bien candidat en 2012. « Moi je suis convaincu que j’ai raison, il faut qu’il y en ait un qui sorte et je pense être le seul à pouvoir le faire. »
Et pour que ce soit bien clair pour tout le monde, il tire dans les pattes de ses adversaires les plus proches. Au sujet de Jean-Pierre Chevènement -que les adhérents de Debout la République semblent pourtant apprécier- il affirme avec effronterie : « Je veux bien qu’il préside mon comité de soutien, Dominique de Villepin aussi d’ailleurs ! » Pourtant certains militants ne se privent pas d’envisager un soutien de Nicolas Dupont-Aignan à la candidature de Chevènement en 2012...
Avec Villepin, qu’il était venu soutenir le jour du lancement de son mouvement République solidaire, NDA durcit le ton :« Y a pas besoin de deux Bayrou ! » Avant de conclure :« Je pense que je peux être la surprise, on a jeté une bouteille on va voir comment les autres réagissent ». Effectivement la bouteille est lancée, encore faut-il que 500 élus la repêchent — ce qui, rappelons-le, ne fut pas le cas en 2007...