Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République (DLR) est mercredi 15 juin à Athènes « afin de soutenir la révolte grecque et de proposer une autre voie pour le retour de la croissance en Europe ». FranceSoir.fr a pu le contacter alors qu’il se rendait à la rencontre des « indignés » athéniens. Plus combatif que jamais contre la monnaie unique, il n’hésite pas à parler de « dictature de l’Europe » face à la nécessaire restructuration de la dette grecque.
France-Soir : Vous êtes à Athènes, quelle est la situation ?
Nicolas Dupont-Aignan : C’est une révolte grave et violente, profonde et sans précédent. Je peux vous dire que les grecs sont vent debout face aux mesures imposées par le couple formé par le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE). Ce plan est choquant parce que l’on met ce pays à genoux et qu’ils ne pourront jamais rembourser ! Ces créances, ce sont les contribuables européens qui vont les payer ! C’est scandaleux cette saignée ! Le pays est entouré de médecins dignes des comédies de Molière. Le malade est moribond mais on continue la saignée, c’est ahurissant. En réalité l’UE ne défend dans cet affaire qu’un seul intérêt, celui des banques.
F.-S. Vous défendez depuis longtemps la thèse d’une sortie de l’euro, la Grèce doit-elle quitter le dispositif de la monnaie unique ?
N. D.-A. Je défends depuis longtemps cette thèse de la sortie de l’euro, c’est vrai. Pour autant je ne me réjouis pas du malheur des autres. Mais oui, évidemment, la Grèce doit sortir de l’euro. Tout de suite. C’est une question de vie ou de mort pour elle. Il faut sortir du dogme de l’euro qui détruit l’Europe. Si la Grèce ne quitte pas l’euro les conséquences vont être terribles : tout ce qui sera européen sera rejeté. Et l’on peut craindre que cela entraîne des bouleversements géopolitiques lourds de conséquences pour l’Europe. « Qui trop embrasse, mal étreint » pourrait-on dire. La volonté de Bruxelles de sortir la Grèce de sa crise risque d’entraîner l’Europe entière dans un cycle inquiétant pour la démocratie car ce sont les extrêmes qui sortiront vainqueurs. « Bruxelles est en train d’assassiner la liberté d’un peuple. »
La réalité c’est que Bruxelles est en train d’assassiner la liberté d’un peuple. La vérité c’est que l’on est en train d’assassiner la démocratie. Et cela uniquement au nom de principes et de dogmes qui n’ont plus cours. Le problème c’est que nous sommes entrée dans un cycle dont ne connaissons pas l’issue... Nous faisons face à une crise multiple : monétaire, financière, économique et sociale. Comme rien ne s’arrange, la suite logique est la crise profonde de la démocratie grecque et cet aspect est le plus inquiétant. Parce qu’il n’y a pas de solution politique à cela puisque les politiques actuels « modérés » sont ceux qui sont responsables de cette situation et qu’ils sont corrompus par le système économique. Alors qui reste-t-il ? L’extrême-gauche et l’extrême-droite... La seule façon de s’en sortir, encore une fois, c’est de quitter l’euro et de trouver pour autant une autre forme de solidarité économique européenne.
F.-S. La France doit-elle quitter la zone euro ?
N. D.-A. C’est une question de bon sens. Veut-on voir ce qui se passe en Grèce se produire en France, oui ou non ? Si nous n’en sortons pas, dans deux ou trois ans, le même phénomène se produira ici, chez nous. « Coopérer ensemble sans souffrir ensemble »
F.-S. Ne craignez-vous pas de détruire le projet européen ?
N. D.-A. Non ! On peut coopérer ensemble sans souffrir ensemble et l’on doit ouvrir le débat sur cette question. C’est indispensable. Regardez ce qui se passe. L’Espagne, l’Italie, la Grèce sont en train de crever sur pied avec cette politique monétaire européenne. Pour s’en sortir il faut retrouver nos monnaies nationales. C’est non seulement possible mais c’est la seule solution.
F.-S. Les trois principales banques françaises sont sous la menace d’une dégradation de leur note. Ne pensez-vous pas que la France risque de payer très cher ce choix politique de quitter l’euro ?
N. D.-A. Vous rigolez ? Nous payons déjà très cher ! La France paye mais c’est le contribuable français qui paye pour cette crise ! Pas les banques ! On a payé 17 milliards d’euros pour « sauver » la Grèce. On ne reverra jamais cet argent. 17 milliards lâchés en une nuit, comme ça, alors que cela représente l’argent de la réforme des retraites.
F.-S. Qui doit payer selon vous ?
N. D.-A. La question c’est peut-on continuer à accepter de payer pour les responsables de cette crise ? Ce sont les banques qui doivent payer puisqu’elles sont responsables. Il faut en finir avec ce régime de l’irresponsabilité de la finance. Les banques ont l’argent pour payer. Cette année, elles ont encore distribuées 2 milliards de bonus à leurs traders alors que l’Etat les a aidé lors de la crise. C’est facile, quand on gagne c’est pour les traders, quand on perd c’est pour le contribuable.
F.-S. Quel candidat allez-vous être à la présidentielle de 2012 ?
N. D.-A. Nicolas Sarkozy n’a rien compris à ce qui se produit actuellement. Il soutient les banques et obéit aux banques. Il vit dans un monde coupé des réalités, celui de l’économie fictive. Ma volonté c’est d’être le candidat de l’économie réelle, d’une France souveraine, et je le serai.