Cet article n’aura somme toute été lu que parce qu’il traite de Dieudonné ! C’est en effet un torchon.
Pour avoir vu Dieudonné en spectacle à Brest, enfin à Lanrivoaré, j’ai trouvé son équipe accueillante et simple : Nolan accueille les spectateurs sur le parking pour les aiguiller vers le champ où est installée la scène, une simple estrade encadrée de quelques projecteurs, quelques enceintes réparties ici et là. À côté de la scène un camping-car, c’est la loge. Personne (ou presque) ne s’aventure au-delà d’une limite immatérielle, pas de fil, rien que la frontière de la décence, le périmètre du respect dû à l’artiste qui se concentre à l’abri des regards. L’entrée du champ n’est pas bouclée non plus, trois cônes de chantier par terre et Hervé, aimable, bienveillant, scanne les billets. Chacun a apporté sa chaise comme l’indiquait le sms avec cette recommandation "Couvrez-vous bien"... Il fait un peu frais c’est vrai mais le public populaire, bon enfant s’y attend, habitué peut-être aux fest-noz en plein air, le temps est changeant en Bretagne. Des poubelles sont prévues pour qu’y soient jetées les bouteilles de bière. Un camion-boutique est ouvert un peu en retrait et une équipe s’affaire à préparer du couscous pour l’après-spectacle. La représentation commence les sketches se succèdent dans un fondu-enchaîné qui alterne les univers, les thèmes et les personnages, l’unité c’est l’acteur. Il n’en fait pas des tonnes, il maîtrise son sujet, il est là, présent, incarné et il pèse ses mots, dans un exercice de funambule. La gaudriole se teinte de gravité, de mysticisme, brouillant les pistes : est-on dans la farce ou dans la tragédie ? Rabelais faisait péter Pantagruel, Dieudonné fait péter sa femme, vieille tradition française, on n’est pas forcé d’aimer, c’est vrai, mais réduire un spectacle à un détail n’est-il pas malhonnête ?
La représentation se termine, une partie du public s’en va, son siège sous le bras, une autre reste pour casser la croûte, et les fans attendent pour faire une photo car Dieudonné va au contact de son public : une photo, une quenelle et des sourires, des poignées de main, il verra tout le petit monde hétéroclite qui l’a attendu, pourtant, il n’est pas loin de minuit et il jouera le lendemain à Nantes...
Peu d’artistes peuvent se féliciter d’avoir un public aussi respectueux, aussi discipliné car les choses se passent bien, très bien dans un climat chaleureux et serein, une heureuse parenthèse.
Répondre à ce message