Le magazine Time, jamais en retard pour désinformer, résume dans son introduction de quelques lignes un long et double entretien de Donald Trump. Et, en bons journalistes qui travaillent, on peut constater que le résumé est quelque peu déformé et à charge. On aurait été étonnés du contraire.
Pour mener à bien une opération d’expulsion destinée à expulser du pays plus de 11 millions de personnes, Trump m’a dit qu’il serait prêt à construire des camps de détention pour migrants et à déployer l’armée américaine, à la fois à la frontière et à l’intérieur du pays.
Il laisserait les États conservateurs surveiller les grossesses des femmes et poursuivre en justice celles qui violent l’interdiction de l’avortement.
Il retiendrait, à sa discrétion personnelle, les fonds alloués par le Congrès, selon les principaux conseillers. Il serait prêt à licencier un procureur américain qui n’exécute pas son ordre de poursuivre quelqu’un, rompant ainsi avec une tradition d’application indépendante de la loi qui remonte à la fondation de l’Amérique.
Il envisage de pardonner chacun de ses partisans accusés d’avoir attaqué le Capitole américain le 6 janvier 2021, dont plus de 800 ont plaidé coupable ou ont été reconnus coupables par un jury.
Il pourrait ne pas venir en aide à un allié attaqué en Europe ou en Asie s’il estimait que ce pays ne payait pas suffisamment pour sa propre défense. Il viderait la fonction publique américaine, déploierait la Garde nationale dans les villes américaines comme bon lui semble, fermerait le bureau de préparation à la pandémie de la Maison-Blanche et doterait son administration d’acolytes qui soutiennent sa fausse affirmation selon laquelle les élections de 2020 ont été volées.
Certains rares passages sont toutefois plus intéressants, les anglophones pourront les découvrir sur la page du Time.
Trump reste le même homme, avec les mêmes objectifs et les mêmes griefs. Mais en personne, il semble plus sûr de lui et plus confiant. « Lorsque je suis arrivé à Washington, je connaissais très peu de gens », dit-il. « Je devais compter sur les autres ». Aujourd’hui, c’est lui qui dirige. Le mariage arrangé avec les piliers timorés du parti républicain est terminé ; la vieille garde est vaincue et les gens qui restent sont les siens. Trump entamerait un second mandat, soutenu par une multitude de groupes politiques composés de loyalistes qui ont élaboré des plans détaillés au service de son programme, qui concentrerait les pouvoirs de l’État entre les mains d’un homme dont l’appétit pour le pouvoir semble insatiable. « Je ne pense pas que son programme soit un grand mystère », déclare sa proche conseillère Kellyanne Conway. « Mais je pense que les gens seront surpris par la rapidité avec laquelle il agira ».
L’interview elle-même est consultable dans son intégralité (et en anglais, mais la traduction Google d’un clic droit conviendra tout à fait aux anglophobes) à la page suivante du Time (83 minutes de lecture tout de même, d’après le Time !).