Les salariés de l’usine General Electric (GE) à Belfort n’entendent pas renoncer. Cela fait maintenant trois jours [quatre depuis vendredi, NDLR] qu’ils bloquent le processus de production d’une turbine à gaz de leur usine. Selon les informations de France Bleu Belfort Montbéliard, l’intersyndicale s’est entretenue jeudi après-midi avec des responsables de GE mais au bout de cinq heures de discussions, rien n’en est sorti.
Le blocage s’est donc poursuivi en attendant une nouvelle rencontre avec la direction vendredi à 10 heures. Cette réunion sera suivie d’une assemblée générale à 14 heures à l’issue de laquelle les syndicats et les salariés décideront de la suite à donner au mouvement.
Le blocage se poursuit depuis maintenant 3 jours sur le site de #GeneralElectric à #Belfort, dans l’indifférence des grands médias qui observent un silence gênant sur ce scandale qui implique personnellement #Macron.
Cc @BFMTV#Alstom #GiletsJaunes #Acte48pic.twitter.com/tQNk8cXNCO— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) October 10, 2019
Près de 70 salariés de GE tenait toujours vendredi matin le piquet de grève devant l’entrée principale du site belfortain, réchauffés par deux grands braseros, a constaté un correspondant de l’AFP. « Tous les ateliers de production à Belfort sont occupés et à Bourogne, le site est inaccessible, aux entrées comme aux sorties », a indiqué le délégué CGT, Cyril Caritey.
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Un plan alternatif
L’objectif des salariés est de forcer GE à remettre complètement à plat son plan de restructuration. Ce dernier prévoyait initialement la suppression de près de 1050 postes en France, dont 792 dans le site belfortain. Sous la pression du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, la direction s’est dite « disposée » à réduire de 150 au maximum le nombre de postes supprimés dans ce site, « sous réserve » de discussions formelles avec les instances représentatives du personnel.
Mais ce geste est insuffisant pour les représentants des salariés. Mi-septembre, ces derniers ont présenté un plan alternatif qui prévoit de consolider l’activité turbines à gaz à Belfort. Ils estiment que le déclin de ce secteur n’est que passager et que les perspectives à moyen terme sont encourageantes.
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Manifestation de soutien le 19 octobre
Les syndicats demandent également le maintien à Belfort des centres de décision pour les turbines 50 Hz, conformément à l’accord signé en 2014 entre l’État français et GE, au moment du rachat des activités énergie d’Alstom. À cette date, le groupe américain s’était aussi engagé à créer 1000 postes dans l’Hexagone. Mais General Electric n’a finalement créé que 25 emplois nets en France selon les calculs de Bercy, ce qui lui a valu une pénalité de 50 millions d’euros. La CFE-CGC et SUD a saisi le tribunal administratif de Paris pour mettre en cause la responsabilité de l’État français dans le non-respect de cet accord.
Les salariés attendent cette fois des engagements forts de la part du groupe. Une grande manifestation de soutien en leur faveur doit se tenir le samedi 19 octobre à Belfort.
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Dans cet article de Marianne datant du 15 juillet 2019, on découvre encore un nouveau scandale dans le scandale...
L’affaire Alstom-GE est une affaire d’État macronien qui n’en finit plus.
Le 29 mai 2019, même le très libéral Gilbert Collard proposait de nationaliser :
Macron donne la Légion d’honneur à
l’ex-directrice de General Electric France...
qui supprime 1000 emplois à Belfort
Emmanuel Macron a accordé la Légion d’honneur à Corinne de Bilbao, directrice générale de General Electric France de 2016 à 2019. Une nomination qui n’est pas anodine quand on connaît les conditions de la vente d’Alstom à General Electric, qu’il a actée, alors qu’aujourd’hui le groupe américain supprime 1000 emplois sur son site de Belfort.
Alstom, General Electric, Emmanuel Macron. Voilà trois noms qu’il devient commun de voir associés dans une affaire dont l’issue paraît sans cesse repoussée : la vente de la branche Énergie d’Alstom à General Electric en 2014. Le dernier épisode en date remontait à l’annonce de la suppression d’un millier d’emplois par le groupe américain sur son site de Belfort (Bourgogne-Franche-Comté) le 28 mai dernier, suscitant la colère de ses salariés et de vives réactions politiques. Un plan social et une attitude gouvernementale vivement critiqués le jeudi 11 juillet en audition devant le Sénat par l’ancien ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, opposé à la vente en 2014 et qui qualifie volontiers ces suppressions d’emplois d’« humiliation nationale », arguant que « l’État aurait la possibilité » d’annuler la vente.
Mais voici que la promotion de la Légion d’honneur de ce 14 juillet 2019 révèle une nomination fort peu anodine, tant elle interroge sur la volonté d’Emmanuel Macron de faire face aux suppressions d’emplois de General Electric en France…
Car aux côtés de Jean-Paul Belmondo et Thomas Pesquet figure une certaine Corinne de Bilbao : l’ancienne directrice générale de General Electric France, de mars 2016 à avril 2019, avant que son successeur Hugh Bailey ne prenne les commandes pour mieux mettre en œuvre la communication du plan de licenciement – une nomination également controversée puisque Hugh Bailey était conseiller pour les affaires industrielles d’Emmanuel Macron à Bercy quand ce dernier a acté la vente d’Alstom Énergie à General Electric, en 2014.
Quand GE promettait 1 000 emplois
Si Corinne de Bilbao s’est entre-temps recasée à la direction de Segula Technologie et de Vallourec – deux grands groupes industriels français moins exposés que General Electric –, la temporalité de sa nomination au grade de chevalier de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron pose question au moment où les salariés de Belfort luttent contre la suppression de 1000 emplois dans leur usine. Qui plus est lorsque l’on se rappelle que General Electric avait formulé au gouvernement français, lors du rachat d’Alstom, la promesse contraire, à savoir… de créer 1.000 emplois !
D’autant que les récents déboires de General Electric France ne s’arrêtent pas à ce plan social : dès le mois d’octobre 2017, le fossoyeur d’Alstom Énergie annonçait la suppression de 350 postes sur 800 sur son site de Grenoble, avant de mettre en place un plan de départs volontaires concernant 280 emplois dans sa division Énergie début 2019, en lieu et place d’« Alstom Power System ».
S’il est vrai que les 1000 emplois supprimés à Belfort concernent l’entité de production des turbines à gaz vendue en 1999 à General Electric et non la branche Énergie cédée en 2014, ce plan social participe d’une restructuration globale du groupe au détriment des unités de production françaises. Comme le rappelle Frédéric Pierucci, ancien cadre d’Alstom et « otage économique » pendant plus de deux ans aux États-Unis lorsque General Electric fit pression sur Patrick Kron, PDG d’Alstom, pour vendre sa branche Énergie, la vente de 2014 a permis à General Electric de se sauver :
« Pour General Electric, le but était d’acheter la compétence d’Alstom dans ces domaines, anticipant la chute du marché des turbines à gaz. Sans cette acquisition d’Alstom Energie en 2014, la situation de General Electric serait encore bien plus grave car elle aurait subi, sans rééquilibrage possible sur d’autres activités – notamment le nucléaire – la profonde crise du gaz actuelle. C’était un enjeu de survie. »
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« Le légionnaire doit contribuer au “bien public par la création d’emplois”… »
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Selon le premier article du code de la Légion d’honneur, la plus honorifique des distinctions françaises est « la récompense de mérites éminents acquis au service de la nation soit à titre civil, soit sous les armes ». Le communiqué de presse de l’Élysée portant sur les promotions de ce 14 juillet nous rappelle même que « les légionnaires œuvrent au bénéfice de la société et non dans leur intérêt exclusif », et qu’« ils contribuent au bien public par la création d’emplois (sic), le développement de l’enseignement, le soutien aux déshérités ».
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