Le célèbre violoniste de jazz français Didier Lockwood est mort dimanche d’une crise cardiaque à Paris à l’âge de 62 ans. Il était marié depuis 2015 à la soprano française Patricia Petibon.
Né le 11 février 1956 à Calais dans une famille franco-écossaise, d’un père professeur de musique, Didier Lockwood s’était intéressé très tôt à l’improvisation grâce à son frère aîné Francis, pianiste de jazz. Formé au violon classique au Conservatoire de Calais, il confiait avec humour à propos de son frère : « Il m’a perverti ! ».
C’est ainsi qu’à 17 ans, après un Premier Prix de violon au conservatoire de Calais ainsi qu’un Premier Prix national de musique contemporaine décerné par la Sacem, Didier Lockwood rejoint l’immense et inclassable groupe de Zeuhl Magma. Christian Vander, fondateur du groupe, lui attribue – comme pour chaque musicien – un nom kobaïen. Ce sera « Stöth Malawëlëkaahm ».
À 20 ans, Didier Lockwood rencontre Stéphane Grappelli, l’un des plus importants violonistes jazz français du XXe siècle, ancien compagnon de scène de Django Reinhardt. Celui-ci voyait comme une curiosité son violon électrique qu’il qualifiait avec amusement de quincaillerie. Cette grande complicité entre les deux violonistes perdura jusqu’à la mort de Grappelli en 1997.
En 2001, il inaugure à Dammarie-les-Lys (77) le Centre des Musiques Didier Lockwood, une école pour musiciens centrée sur les musiques improvisées. Auteur de deux rapports sur l’apprentissage de la musique, commandés par le ministère de la Culture, il prônait un retour à l’oralité et moins de solfège.
Didier Lockwood repousse les frontières établies entre les genres musicaux et rencontre les interprètes d’autres cultures et traditions musicales. C’est ainsi qu’il se produit en duo avec Kudsi Ergüner, l’un des plus grands joueurs de ney turcs (flûte orientale). En 2001, il crée le spectacle Omkara en collaboration avec le danseur indien Raghunath Manet et le percussionniste Ri Muragan. En 2003 il matérialise ce goût des voyages et des rencontres entre traditions musicales dans un double-album intitulé Globe Trotter.
En 2005, Didier Lockwood et la soprano Caroline Casadesus avec lequel il est marié depuis 1993 créent le spectacle Le jazz et la diva, mélange d’art lyrique et d’improvisation jazz, nouveau témoignage du pont créé par Lockwood entre les deux répertoires.
Compositeur, la liste de ses compositions est longue : deux opéras, des concertos pour violon, un concerto pour piano et orchestre, des poèmes lyriques et bien d’autres pièces symphoniques, sans oublier des musiques de films et de dessins animés. Il enchaîna près de 4.500 concerts et plus de 35 enregistrements. Il aura joué aux côtés des plus grands : Michel Petrucciani, mais aussi avec le trompettiste américain Miles Davis ou le pianiste Herbie Hancock.
Il était aussi, et ceci est nettement moins connu et rappelé par les nécrologies des médias traditionnels, un très bon trompettiste de jazz.
Didier Lockwood venait d’entamer une tournée pour présenter son dernier album Open doors, publié en novembre 2017 et enregistré avec André Ceccarelli, Romain Antonio Farao et Darryl Hall.