« Les collaborateurs juifs du Panorama de France Culture exagèrent un peu tout de même : d’une part ils sont à peu près quatre sur cinq à chaque émission, ou quatre sur six ou cinq sur sept, ce qui, sur un poste national ou presque officiel, constitue une nette sur-représentation d’un groupe ethnique ou religieux donné ; d’autre part, ils font en sorte qu’une émission par semaine au moins soit consacrée à la culture juive, à la religion juive, à des écrivains juifs, à l’État d’Israël et à sa politique, à la vie des juifs en France et de par le monde, aujourd’hui ou à travers les siècles. »
Ces phrases, écrites par Renaud Camus dans son journal en 1994 et publiées en 2000 dans Campagne de France [1], déclenchèrent évidemment une polémique dans le microcosme médiatique et associatif français. Bernard Comment, à l’époque directeur de la fiction (sic) à France-Culture, alla jusqu’à traiter l’écrivain auvergnat de « pétainiste attardé » [2] dans les colonnes du Monde, se montrant en ce sens bien plus virulent que Marc Weitzmann [3].
Depuis, Renaud Camus a fait acte de repentance comme en attestent ses déclarations à la veille de la campagne présidentielle de 2012 [4]. Son discours sur les questions communautaires est désormais dominé par des thèses certes peu consensuelles mais bien mieux acceptées dans le milieu médiatique, à savoir le conflit de civilisations et la dénonciation de l’islam [5]. Ce revirement est d’autant plus regrettable que Renaud Camus, en dépit de ses évidentes contradictions, demeure un homme cultivé et un authentique amoureux de la France ; en outre, les récentes évolutions des médias et des technologies de l’information permettent d’éclairer sous un jour nouveau les tendances communautaires déjà pointées du doigt en 1994.
En 2005, l’apparition de la Télévision numérique terrestre (TNT) dans le paysage audiovisuel français et bientôt son arrivée dans un très grand nombre de foyers ont consacré l’avènement des chaînes d’information en continu, parmi lesquelles les chaînes gratuites i>Télé et BFM TV. Disposant notamment grâce à la publicité de budgets conséquents [6], ces chaînes sont directement inspirées de leurs grandes sœurs américaines CNN et Fow News. Projection de flots d’images parfois racoleuses, priorité donnée aux brèves au détriment du fond, mise en scène exagérée du clivage droite-gauche et alignement de la plupart des intervenants sur des positions atlantistes et mondialistes : les chaînes d’information n’échappent à aucun des travers fréquemment pointés du doigt par les expressions dissidentes.
Les équipes d’i>Télé couvrent des domaines aussi variés que l’international, l’actualité politique et le divertissement à travers leurs présentateurs phares, parmi lesquels Laurence Haïm, correspondante au Moyen-Orient puis aux États-Unis, Mikaël Guedj, ancien co-animateur d’une émission de décryptage de l’actualité aux côtés du néoconservateur Alexandre Adler, et Olivier Benkemoun, animateur de la chronique culture [7]. I>Télé, via l’intermédiaire du groupe Canal+, est détenue par Vivendi. Le groupe Vivendi était présidé jusqu’en 2012 par Jean-Bernard Lévy [8]. Polytechnicien, J.-B. Lévy dirige actuellement Thales et a par le passé navigué entre des responsabilités dans les cabinets ministériels et les conseils d’administration de plusieurs grands groupes. Homme de réseaux, il a également été l’invité d’honneur du club Isaac Abravanel [9], une émanation de l’Appel unifié juif de France. Cette organisation, coprésidée par David de Rotschild [10], collecte des dons en vue de l’organisation de « programmes sociaux et éducatifs » en France et en Israël et a pour objectif de « renforcer l’identité juive et la transmission ».
BFM TV, qui compte parmi ses présentateurs titulaires Ruth Elkrief, Nathalie Lévy et Thomas Misrachi, appartient au groupe NextRadioTV, dirigé par Alain Weill, son fondateur et principal actionnaire. Fin 2000, peu après la création du groupe, Alain Weill, ancien directeur du groupe NRJ, rachète la radio RMC, alors proche de la faillite, et procède à une restructuration. Cette dernière se soldera notamment par la suppression de 34 emplois [11] et une refonte de la grille d’émissions, dorénavant centrée sur l’information et les interventions des auditeurs. En 2005, le lancement de BFM TV est approuvé par le CSA [12] ; l’année suivante, NextRadioTV fait son entrée en bourse. Par la suite, BFM TV s’imposera rapidement comme la première chaîne d’information française.
Les activités d’Alain Weill ne se limitent pas à la présidence de NextRadioTV, puisqu’il est en outre membre du conseil de surveillance de la branche française de l’Institut Aspen. Ce puissant think tank créé dans les années 1950 aux États-Unis possède des antennes dans sept pays et a compté parmi ses intervenants en séminaire des personnalités comme Jean Monnet, Henry Kissinger ou Madeleine Albright [13]. Si elle n’est pas explicitement mentionnée dans ses publications, la formation de futures élites en vue d’une gouvernance globale semble bien être l’une des priorités de l’institut Aspen. En effet, le think tank organise chaque année des séminaires « Jeunes leaders politiques » [14], à l’image de la French-American Foundation. Lors de ces rencontres, les participants sélectionnés planchent sur des sujets liés à la gouvernance dans un cadre supranational et mondialiste, encadrés par des personnalités de premier plan du monde de la politique et des affaires [15]. Aujourd’hui, l’institut Aspen est présidé par Walter Isaacson, ancien président de CNN et ex-rédacteur en chef de Time Magazine [16]. Walter Isaacson est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à des personnalités de l’histoire des États-Unis, parmi lesquelles une biographie d’Einstein traitant entre autres des rapports entre le célèbre physicien et le mouvement sioniste [17].
Les chaînes d’information gratuites et accessibles sur la TNT depuis bientôt dix ans ne brillent pas toujours par leur objectivité et ne réservent pas un traitement équitable à toutes les sensibilités politiques. Au-delà de ce constat, et Renaud « Téchouva » Camus pourrait s’y intéresser au détour de ses aventures politiques et médiatiques, il est aisé de constater que leurs dirigeants occupent des positions privilégiées au sein de puissantes officines sionistes et mondialistes.