Faire la paix à coups de fusil.
Se libérer à coups de fouet.
Instruire le peuple à coups de marteau.
Se cultiver à coups de faucille.
À chaque marteau sa faucille,
L’ordre du monde ancien vacille.
À chaque faucille son marteau,
Chacun a part au grand gâteau.
Mao Zedong.
Excusez-moi quand pendant toutes les années d’après-guerre on a eu une intelligentsia pour décréter que quiconque n’adorait pas ce grand poète des génocides était un chien, quand pendant toutes ces années on les a laissé pérorer et qu’on a hurlé ces slogans sous leurs ordres pour gagner plus d’augmentations et de congés payés, quand pendant toutes ces années on avait sa carrière universitaire la plus somptueuse garantie à vie à commenter ce genre de vers, bien cela finit par se payer, cela finit par former le caractère de tout un peuple dans le sens de son asservissement définitif. Il est trop tard pour hurler. Je ne sais plus si c’est Jean Braudel qui a dit que la France fut toujours d’une façon ou l’autre la Chine de l’Europe mais il semble qu’elle soit incapable d’avoir une autre sorte de mandarins.
Beaucoup ont bel et bien hurlé tandis qu’il était encore temps et ils ont été tous tués à coups de médocs par la psychatrie carcérale aux applaudissements de 66,6%. Un 66,6% qui passait alors pour le minimum vital de gauche pour ne pas être soupçonné de Pétinisme — il ne fallait surtout pas lire George Orwell non plus que Tintin au pays des Soviets sous peine de perdre beaucoup d’amis précieux pour son avancement, ni encore moins se faire voir regarder Les Chinois à Paris de Jean Yanne sous peine d’être rangé parmi les péquenots et les pékins par nul autre que le journal le monde entre deux colonnes de Jean Lacouture encensant le régime de Pol Pot — et qui a viré néo-libéral avec Cohn Bendit en tête du cortège très exactement en même temps que la Chine est passée de la Révolution Culturelle qui mit les intellectuels aux travaux forcés à la Révolution Mercantiliste qui livra ces travailleurs forcés aux nouveaux entrepreneurs.
Aujourd’hui le culte de Mao dure toujours et reprend même du poil de la Bête, sauf que maintenant c’est une vraie religion chinoise à part entière, une secte particulière du Taoisme où il s’agit d’offrir le fruit de son travail et les petits deniers de ses dénonciations sur un autel à son effigie dans l’intention que la chance financière arrive.
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