« Mon vrai nom, c’est Lévy. Mon père s’appelle Joseph Lévy. Ma mère, Victorine Hanin. À l’origine c’était Ben Hanine. C’est une fille Azoulay. Je suis cent pour cent casher sur le plan génétique. Je suis fils de communiste et petit-fils de rabbin. Je me sens très juif [1]. »
C’est ainsi que se présentait Roger Hanin, décédé dans la matinée du 11 février à l’âge de 89 ans des suites d’une détresse respiratoire. Alexandre Arcady a indiqué qu’il « était hospitalisé depuis plusieurs jours ».
Né en Algérie française en 1925, ce Pied-noir tchatcheur, haut en couleur, arrive en France en 1948 (et non en 1962) pour suivre des études de pharmacie. En 1959, il épouse la productrice de cinéma Christine Gouze-Rénal, sœur aînée de Danielle Mitterrand, devenant ainsi le « beau-frère » du Président, qu’il a pour charge de « faire rire ». Il est ainsi, entre 1981 et 1995, une figure centrale de la Mitterrandie, non sans quelques abus :
« En 1984, il a même pris sur lui de faire libérer un petit casseur de la communauté juive du Marais. Maurice Rosenfeld avait été convaincu d’avoir troublé l’ordre public. Convaincu quant à lui qu’il s’agissait d’une bavure, l’officiel beau-frère avait appelé directement Franceschi, alors secrétaire d’État à la Sécurité. C’est qu’il n’hésite pas à aller au charbon le Beauf ! » (Les dossiers du Canard, novembre 1991)
Roger Hanin sur le canapé de Michel Drucker en 1999 :
Membre du Parti socialiste, il a participé à la cellule communication des campagnes socialistes de 1981, 1984 et 1988 avant de devenir un des gardiens de la mémoire de François Mitterrand. Reprochant notamment au Parti socialiste le « droit d’inventaire », il se rapproche du Parti communiste (où il avait milité dans sa jeunesse) pour l’élection présidentielle de 2002, puis appelle en 2007 à voter Nicolas Sarkozy, qu’il estime être « un homme de gauche ».
Antinational rabique, celui qui voit en Jean-Marie Le Pen un « véritable nazi » est membre du comité de patronage de la revue Celcius, spécialisée dans le fichage et la dénonciation des militants nationaux, et réalise en 1985 Train d’enfer, un film sur un « crime raciste » commis par des militaires.
Acteur de série B (dans le rôle du commissaire Navarro de 1989 à 2009) et de « films-merguez », Roger Hanin s’impose comme l’acteur fétiche d’Alexandre Arcady dès 1979 dans Le Coup de sirocco. On retiendra notamment son interprétation d’un parrain de la mafia juive dans Le Grand Pardon :